Jean Abarnou - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Jean Abarnou



Naissance : 15 avril 1919 - Lanarvily (29)

Activité antérieure : marin

Point de départ vers la France Libre : Grande Bretagne

Engagement dans la France Libre : en aout 1941

Affectation principale : FNFL / marine de guerre

Bouclier, Roselys, Aconit

Matricules : 1206 B36, 5591 FN41

Grade atteint pendant la guerre et spécialité : second maître détecteur

Décès à 79 ans - 2 février 1999 - Brest (29)

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 229

Dans la liste de l'amiral Chaline : ligne 7

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 24


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Jean Abarnou - son Livre ouvert !
 

La fin du sous-marin AJAX. Détention Gibraltar.

Dernière croisière du sous-marin Ajax. ABARNOU JEAN. Quartier Maitre torpilleur. Embarqué sur l’AJAX le 5 mars 1938. Débarqué le 24 septembre 1940, suite à sa perte.

• Carnet de mémoire depuis la retraite de Brest. 18 juin 1940.

18 juin 1940
Le mardi matin, la rade de Brest fut survolée par les avions ennemis. Plusieurs mines magnétiques furent mouillées dans le goulet, les quelques bombes lancées sur le centre des sous-marins de LANINON ; l’usine électrique fut détruite. Seul un permissionnaire fut tué pendant le tir de DCA, en allant rejoindre sa femme qui l’attendait à la sortie de la porte de l’arsenal.
Le ravitailleur des sous-marins, Jules Verne, c’est distingué en abattant un avion ennemi qui tomba à Saint-Marc. Malgré la surveillance de la côte et la puissance de nos tirs quelques avions nous survolaient toujours de près.
À six heures du soir, l’ordre est venu d’évacuer tous les bateaux de guerre se trouvant en rade et de rejoindre les colonies ou les ports amis les plus proches.
Les croiseurs et cuirassés avaient évacué les premiers, ensuite ce fut le tour des 14 sous-marins qui ont tous rejoint le Maroc, accompagnés du Jules Verne.
L’aviso Vauquois, sauta sur une mine magnétique ainsi que plusieurs autres petits bateaux. Le Vauquois a disparu avec 200 mitrailleuses, embarquées à la hâte dans la matinée.

23 juin 1940
Arrivée de l’escadre française à Casablanca (Maroc). Nous sommes tous, sains et saufs. L’AJAX y a séjourné durant trois mois. Nous faisions quelques patrouilles, de temps à autre, au large des côtes espagnoles.
C’est au début de ce mois de juillet 1941 que s’est déroulé le fratricide combat de Mers-el-Kébir. L’escadre française a perdu une partie de sa flotte. Une grosse faute commise par les anglais. 13 septembre 1940
Nous embarquons des vivres et dans la soirée nous partons pour Dakar (SENEGAL), escortant un cargo, « Le Fort de Souville ». Rien à signaler durant le voyage.

23 septembre 1941. Le branle-bas est donné à six heures, comme d’habitude. Sitôt le café pris, voilà qu’on était au poste de combat. Des avions anglais lançaient des tracts sur le port de la ville. Ils disaient : « Français de Dakar, si vous voulez rester français rejoignez-vous ». Signé « Général De Gaulle ». Nous n’avions pas tiré sur le premier avion qui lançait les tracts, mais peu de temps après le nombre des avions augmentait. Nous avons ouvert le feu. Quelques-uns furent abattus. D’autres ont atterri au champ d’aviation, croyant que la population se serait rendu à eux, comme c’était prévu par les responsables de la ville ; c’était une grosse erreur d’appréciation. Il y eu des prisonniers.
À huit heures les avions de chasse français se sont envolés et les ont pris en chasse.
À neuf heures du matin une vedette anglaise, transportant le commandant d’Argenlieu et d’autres officiers français accoste pour parlementer avec l’autorité française de Dakar. Il dépose un ultimatum.
Mission accomplie, la vedette repart. Au fur et à mesure qu’elle s’éloignait, les indigènes leur tiraient dessus au mousqueton. Arrivé au milieu de la passe, Le Richelieu envoie un coup direct sur la vedette. Pourtant celle-ci portait le pavillon Blanc. Le commandant d’Argenlieu, petit-fils de Foch, fut blessé.

L’Ajax avait reçu l’ordre de partir aussitôt prêt. Comme nous n’étions pas au courant il nous a fallu trois heures pour le préparer. À 10h30 nous partons au combat, sans savoir qu’on allait se battre contre des Français. Le commandant en avait reçu l’ordre de sa hiérarchie. Ce n’était plus à un combat qu’on nous envoyait, c’était à la boucherie.
Le sous-marin « Persé » est sorti le premier de la passe. À midi il reçoit un coup d’obus de 100 mm, en plein milieu et coule à 100 mètres devant nous. Il y eu un tué et quatre blessés ; les autres rescapés furent recueillis par un aviso qui les a reconduits à Dakar.

En voyant ce spectacle notre commandant a voulu revenir sur ses pas, attendant une escorte. L’Ajax voyait la mort de près. Nous avons franchi le barrage sous le feu de l’escadre anglaise ; des obus tombaient de chaque côté du sous-marin. Un destroyer anglais vient le droit sur nous. Nous n’avions qu’une mitrailleuse pour nous défendre.
Enfin on a réussi à s’échapper. A midi l’Ajax plonge pour échapper à un avion qui piquait droit sur nous. Il a largué une bombe qui atteignit la barre de plongée avant. Le bateau tiendrait difficilement son immersion. Nous conservons la plongée toute l’après-midi. Il faisait une chaleur étouffante à bord.

À cinq heures du soir le sous-marin remonte à 15 m. Le commandant donne un coup de périscope. Il aperçoit deux croiseurs et trois destroyers. Nous prenons les dispositions pour lancer quelques torpilles sur les deux plus gros, lorsqu’un avion nous repère et nous signale aux destroyers anglais qui immédiatement foncent droit sur nous.
Notre lancement et de torpille échoue. Nous replongeons de nouveau à 60 mètres, le plus rapidement possible. Aussitôt nous recevons trois grenades sur le dos. Nous étions en fait une proie formidable et on se voyait tous ensevelis dans ce cercueil d’acier.

Tout l’équipage gardait son calme. On se regardait, l’un l’autre, se demandant si c’était notre heure de partir dans l’autre monde. Notre bateau n’était plus qu’une proie. La plupart de nos appareils étaient hors d’usage ; plus de lumière à bord ; c’était l’enfer pour nous.
Dans le poste avant se trouvait une vingtaine de bouteilles de rhum, toutes furent brisées par l’explosion des grenades. À 18h30, à la faveur de la tombée de la nuit nous faisons surface après avoir bien regardé si aucun agresseur ne nous poursuivait.
Toute la nuit les moteurs avaient tournés en charge autonome. Il me faisait une chaleur torride. Personne n’a fermé l’œil de la nuit. On se demandait ce que serait le lendemain.

Mardi 20 24 septembre 1940. Jour du naufrage.
Après avoir passé une nuit blanche, plongée à 5h30 du matin, pour le lever du jour. Peu de temps après nous étions repérés par trois destroyers anglais. Tout le monde s’affaire aux postes de combat. À neuf heures non remontons à 15 mètres, pour vérifier ce qui se passait en surface. Mais hélas pour nous ce fut une manœuvre fatale. Repéré par les destroyers anglais il nous est impossible de nous échapper. Nous nous sommes posés sur le fond à 50 mètres de profondeur.
On reçoit à trois grenades. Impossible de comparer à quoi ressemblait ce bruit de ferraille. Je me trouvais à mon poste de combat, chef de la tourelle milieu. Etant à cheval sur les moteurs diesels, je fus projeté violemment sur le sol. Chacun de nous avait fait son testament ; j’avais toujours espoir de remonter, certains étaient pères de familles et pensaient à leurs enfants, d’autres à leurs femmes. En fait il n’y avait pas trop de panique.
Voyant que nous étions foutus mais gardant toujours espoir de remonter, le commandant nous fait rassembler : « écouter les gars, nous allons essayer le tout pour le tout ». Il décida de remonter à 9h15. Nous voilà sauvés, le bateau était en surface et l’on a évacué le bord, le plus rapidement possible en craignant une explosion des batteries.
Arrivé sur le pont, je mis le youyou à l’eau. C’était une espèce de petit canot avec lequel j’essayais de regagner la côte ; il était percé et se remplissait d’eau. À la fin je l’ai abandonné et tous avons été recueillis par le destroyer anglais « Fortune », celui qui nous avait écoulé.
Le commandant a quitté le bord le dernier avant de partir il a caressé le nom de notre sous-marin et lui a dit « adieu mon vieil Ajax ».
À peine arrivé à 100 m de notre bateau de secours, le sous-marin disparaissait dans les flots. Il gît en ce moment à 50 m de fond, à 15 km de Dakar. Ce fut la mort du sous-marin « Ajax ».

Mardi 24 septembre 1941
Après la disparation de notre bâtiment nous sommes recueillis par le destroyer « Fortune ». Bien qu’il ait recueilli tous les rescapés à son bord, il n’a pas cessé le combat. Nous étions en tout, 60 dans un petit poste de 5 mètres de long sur 4 mètres de large, pressés comme dans une boîte de sardines. Dès notre arrivée à bord de ce bateau, malgré que la plupart de nous étaient en caleçon, de bain, avec un paquet de linges sous le bras, à tour de rôle nous devons passer à la fouille. Ils nous ont enlevé couteaux et rasoirs, confisqué tous nos linges. Nous avons passé toute la journée et la nuit pour ainsi dire sans vêtement. À midi ils nous ont envoyé des biscuits et trois ou quatre boîtes de hareng froid, C’est tout ce que nous avons mangé jusqu’au lendemain matin ; même pas une goutte d’eau pour se désaltérer.
La nuit nous avons dormi par terre. Le poste étant très humide, ils ont résolu de nous donner quelques sacs en serpillière, qui pour le lendemain matin étaient imbibés d’eau. La nuit fut longue. De temps en temps le bateau subissait des attaques d’avions, on entendait les bombes, siffler de chaque bord.
Enfin, l’essentiel et on s’en est tous sorti de cette bagarre inattendue. En cas d’attaque on nous renfermait dans le poste. Personne ne s’occupait de nous. Nous avons été si maltraités qu’on aurait cru qu’ils nous prenaient pour des allemands.

Mercredi 25 septembre 1940
Le lendemain du naufrage, nous faisons route sur FREETOWN, colonie anglaise. À 10h30 du matin on débarque du « FORTUNE » pour rejoindre le croiseur « KIMBERLAND ». Après s’être ravitaillé en vivre et en pétrole, nous continuons notre route sur FREETOWN pour y arriver le 27 septembre. Nous étions mieux traités sur ce bateau que sur le FORTUNE. Pour la nourriture c’était le pain qui faisait défaut, et aussi l’eau potable. Le branle-bas était fixé à six heures tous les matins. L’après-midi nous avions une heure pour prendre l’air sur le pont. Tout cela se déroula du 25 au 27 septembre. 27 septembre 1940
Nous arrivons à FREETOWN et mouillons en pleine rade. Il fait très chaud. C’est là que l’escadre anglaise s’est réfugiée après le coup de Dakar.

28 septembre 1940.
Nous changeons de bateau et embarquons sur le croiseur auxiliaire « El KANTARA », en station à FREETOWN. Nous sommes bien logés à bord et avons été reçu par un officier anglais qui parlait très bien le français. Pour la nourriture c’était bien préparé, mais en quantité insuffisante. C’est à ce moment que nous avons pu nous laver convenablement. Moi je faisais l’ordonnance de deux lieutenants de mon bord ; à l’occasion, je pouvais discrètement me procurer une cigarette, de temps à autres. Nous avons reçu la visite des Français Libres., dont celle du commandant BOURGINE, ancien officier en second du sous-marin « PERSEE ». Il a assisté à la bataille de Dakar sur le chasseur « Commandant Duboc ».
C’est à ce moment-là, que j’ai entendu parler, pour la première fois, des forces françaises libres.

2 octobre 1940.
Nous embarquons sur le paquebot « PRETORIA », soit disant pour être rapatriés ; malheureusement nous n’avons passé qu’une nuit à bord. Le bon souvenir qu’on en garde, c’est que depuis 10 jours, sur ce navire on a pu, enfin, manger à notre faim.

3 octobre 1940.
Après ces huit jours passés à « FREETOWN » nous embarquons sur le cuirassé « BARHAM ». Nous avons dû laisser après nous six membres d’équipage malades, certains souffrant de manque de force ou de crise de palu, maladie très fréquente dans les colonies. 6 octobre 1940.
Nous quittons « FREETOWN » pour Gibraltar sur le « BARHAM ». Rien à signaler pendant le trajet à part un homme en arme, chargé de notre surveillance, qui s’était tué avec son revolver. Branle-bas général dans le poste, Au début je croyais qu’un de mes camarades était blessé. Le lendemain son corps était mis dans un cercueil, enveloppé du pavillon anglais et jeté à la mer. Ce fut son enterrement, qu’il repose en paix.

15 octobre 1940.
Nous arrivons à Gibraltar. On se rapproche de la France. Nous croyons que nous allons être tous rapatriés. On nous l’avait promis. Mais hélas les anglais n’ont pas de parole. Depuis cet épisode, je n’ai jamais eu confiance en eux.
Dans la soirée, au lieu de prendre le train pour rejoindre nos foyers, un détachement d’hommes en armes nous conduit à la forteresse, dans une vieille prison appelée « Détention BARRAKS » où j’ai établi ma demeure pendant quatre mois.

15 octobre 1940.
Interné par les anglais à la prison de détention « BARRAKS ». Gibraltar.

Nous arrivons à la prison, à 19h. Nous étions 64. Les gardiens nous passent à la fouille et récupèrent nos couteaux et rasoirs. Nous avons dû ensuite, déposer tout l’argent français que nous possédions. Moi j’avais déposé 655 Fr. Certains officiers mariniers avaient jusqu’à 10 000 Fr. Une fois passé à la fouille, ils ont pris nos identités et nous ont conduit ensuite au cachot, deux par cellule. Les lits étaient en ferraille avec trois coussins comme matelas. Pour notre souper on a eu du thé et un morceau de pain avec du fromage.

Le matin, branle-bas à 6h30, pour déjeuner du thé, du bacon ou des saucisses avec un tout petit morceau de pain. Le midi le repas consiste en une pomme de terre cuite à l’eau et un morceau de viande identique à la ration d’un moineau.
Le dernier repas était servi à 17H et était constitué de pain, de confiture, de fromage, et de thé. Tous les jours c’était la même chose, pendant quatre mois.

Le dimanche, on faisait des pommes de terre frite, lorsqu’on arrivait à en mettre assez de côté. Tous les jours le cuisinier mettait de côté une vingtaine de pomme de terre avec une part de graisse qu’il enlevait de sa viande. Le dimanche il réussissait à nous donner une vingtaine de frites chacun. Nous étions tous heureux de voir le dimanche arriver.
Certains d’entre nous avait maigri, de 20 kg.

Mois de novembre 1940.
Toujours en prison. Il commence à faire froid et les punaises me grattent la nuit, les lits et le bois en sont couverts. Je me disais par moment, qu’un de ces jours je vais trouver mes couvertures se promenant dans la cour.
Nous avons reçu des vêtements civils pour passer l’hiver : pardessus et ciré. Il n’empêche que je grelotte souvent à ne rien faire, du matin au soir.
Pour passer notre temps, le commandant a résolu de faire cours élémentaire, quatre fois par semaine et une heure d’anglais tous les jours. Comme nous ne les aimons pas, nous n’avions pas beaucoup de courage apprendre leur langue.
Dans la cour on s’amusait comme les gosses, soit à jouer au ballon chasseur, au football, avec un ballon en chiffon. Pendant quinze jours nous avons eu un équipage de sous-marin italien avec nous. On était séparé mais on pouvait se voir le soir, au travers des barreaux.

Mois de décembre 1940.
Toujours à Gibraltar et sans nouvelle. J’ai écrit un peu partout pour la Noël et le nouvel an. Jamais je n’ai eu de réponse ; pire que cela, j’étais porté disparu par la radio anglaise, qui pourtant savais bien que j’étais en vie du moment que les anglais m’avaient rescapé.
Toujours sans nouvelle j’avais un peu le caractère aigri, mais le moral était bon.
J’avais toujours espoir de retourner au pays natal, et de m’éloigner le plus possible des anglais. J’ai eu de la haine contre eux que jamais Je n’oublierai, si je reste en vie. Je n’ai pas à les remercier, ils ont coulé mon bateau mais ils n’ont pas eu ma peau. En prison ils nous traitaient pire que les allemands.
Vers le 15 décembre les anglais avaient capturé un cargo allemand et l’équipage a été fait prisonnier. Ils étaient une cinquantaine environ. On était séparé d’eux, mais on pouvait les voir quand ils allaient prendre leurs repas. On remarquait tous, qu’ils étaient mieux servis que nous, et disposaient d’eau à volonté pour se laver. Alors que nous, nous étions rationnés à un bol d’eau par jour. Ils pouvaient se laver les dents et la figure. La plupart du temps nous n’avions pas d’eau pour boire. Nous lavions notre linge avec l’eau de pluie récupérée des gouttières. Cela faisait qu’on se changeait une fois tous les 15 jours environ.

Noël 1940.
Pour le réveillon du nouvel an nous avons eu droit à du riz et un morceau de pain plus grand que d’habitude. Après un tel réveillon aucun danger d’attraper une indigestion.
Le lendemain cinq français se sont fait prendre à vouloir rejoindre la France. Ils étaient arrivés pas bien loin d’Oran lorsqu’un destroyer anglais les arraisonnait. Après avoir saisi leur bateau ils ont fait demi-tour ils furent internés dans la même prison que nous. Ils n’y sont restés qu’un mois, ensuite ils ont été rapatrié. Il y avait un quartier-maître boulanger de Plounevez-Lochrist, et un second maître canonnier de Saint-Pierre. Je leur avais demandé d’aller jusqu’à ma commune natale de LANARVILY, pour transmettre de mes nouvelles, à ma famille. J’espère qu’ils ont fait la commission.

Premier de l’an 1941.
Pour le nouvel an, les Anglais nous on fait une petite faveur. Nous avons eu le droit à demie bouteille de bière chacun. Cela faisait trois mois que l’on n’y avait pas gouté. Les anglais nous donnent 10 schillings par mois pour satisfaire nos petits besoins, soit acheter du savon, du papier à lettre. L’argent qui nous restait servait à acheter du tabac qui était très cher.

Vers le 15 janvier 1941
Les Anglais avaient déposé un poste de radio dans la prison. Il n’était en marche que pour les informations de midi. Il s’agissait de radio Londres qui critiquait les décisions du gouvernement de Vichy. Ce poste a été installé principalement pour nous faire de la propagande. De temps en temps nous avions la visite de quelques officiers des forces françaises libres. À la fin du compte certains commençaient à souffrir de l’enfermement, et s’interrogeaient sur le risque de passer une bonne partie de leur jeunesse en prison. Ils se sont décidés à rejoindre De Gaulle.
ETORE, quartier-maître de manœuvre, a rallié le premier. Ne voulant pas faire voir aux autres qu’il partait, il s’était fait porter malade. On l’a conduit à l’hôpital et de là il a rejoint les FNFL.

15 jours plus tard un autre contingent de 12 personnes de l’Ajax est parti également dans l’espoir d’être affecté à des missions civiles en Angleterre. Mais nous pensions tous que les Anglais préféraient garder leurs hommes à l’arrière et envoyer les Français combattre. Une fois arrivée en Angleterre on leur a demandé de choisir entre un retour dans les camps de concentration, ou de rejoindre De Gaulle.
Vous pensez qu’il faires ont dû faire une drôle de figure, persuadés qu’ils venaient en Angleterre comme affectés civils, et une fois arrivés, on les internait de nouveau. Au bout d’une huitaine de jours il se convainquirent tous rejoindre De Gaulle.
Après tout cela vous ne pouvez plus compter sur la parole d’un anglais.

1er février 1941.
Le 1er janvier 1941 j’ai quitté la prison de détention BARRAKS pour aller dans un camp de détention, toujours à Gibraltar, en bas du rocher. On s’y trouvait beaucoup mieux ; nous voyons tous les mouvements de bateaux et quelques personnes de temps à autre. Pendant les quatre derniers mois que j’ai passé en détention nous n’avions vu que les gardiens. Nous devenions fous à force d’être renfermés. Le logement était plus confortable, on disposait de quatre baraques, ça faisait une douzaine de personnes dans chacune.

Dans ce camp nous avons eu la visite d’un maître aviateur qui s’était échappé de France avec son avion, pour rejoindre De Gaulle. Ils étaient trois dans l’avion à leur arrivée au-dessus de Gibraltar. Les Anglais leur ont tiré dessus. Le mécanicien en a échappé de peu. Ils ont atterri au terrain d’aviation et se sont rendus. Peu de temps après il y a eu deux équipages de bateaux de marchandises qui furent internés, celui du « LORIENT » et du « PLM13 ». Ils ont passé une dizaine de jours avec nous puis ont été rapatrié par la suite. Ça nous faisait de l’effet de voir les copains partir rejoindre leur foyer pour nous qui restions ici depuis cinq mois. Les Anglais nous disait que c’était l’équipage de l’AJAX qui paierait les pots cassés. L’autorité anglaise avait fermement dans l’idée que c’était nous autres qui avions torpillé leur cuirassé « LA RESOLUTION », et d’ici que ce bateau soit réparé nous ne serions pas libérés.

Mars et avril 1941.
Nous sommes toujours internés au camp de Varsow, (vérifier le nom) Un beau matin, le commandant de l’AJAX nous rassemble. Il nous fait un petit discours. Il nous indique qu’on lui a fait préparer ses bagages, qu’’il n’en connaît pas la raison. Il pense être soit rapatrié soit affecté à une mission quelconque. Il nous indique que nous serons dorénavant sous les ordres de son officier en second. Il nous demande de lui obéir et de nous conduire comme nous l’avions fait avec lui au combat. Il termine son discours par « vive la France ».
À 12h01 camionnette rentre au camp et embarque le commandant qui ma foi était heureux de quitter les fils de barbelés.
Le lendemain nous apprenions qu’on l’avait séparé de nous parce qu’il en demandait de trop aux Anglais. Il a passé trois semaines en cellule, comme punition.
Après cela comment voulez-vous qu’il y ait de l’estime pour ces anglais et qu’un jour on puisse s’arranger. Après tout l’autorité anglaise avait mal agi envers sa personne d’autant plus que c’était un capitaine de corvette, quatre gallons.
Trois semaines plus tard, le voilà de retour au camp avec nous, légèrement vexé de l’insulte qu’on lui avait infligée.

Le 15 avril, jour de mon anniversaire je l’avais fêté drôlement espérant que c’était le dernier que je passais dans les camps.

28 avril 1941. Départ pour l’Angleterre.
Ce jour-là je quitte Gibraltar pour rejoindre l’Angleterre. Les Anglais craignait une invasion allemande sur Gibraltar. Ils ont donc procédé à l’évacuation de tous les civils et de tous ceux qui n’était pas combattants. Nous n’aurions jamais dû être internés à Gibraltar du moment que c’était une forteresse, souvent sujette aux bombardements.
Enfin le 28 au soir nous sommes embarqués sur un grand paquebot qui venait des colonies avec des troupes indigènes. Nous sommes partis à la tombée de la nuit, escorté d’un porte-avions, de deux croiseurs et de quelques destroyers. Nous avons été attaqué par un sous-marin allemand. Les destroyer Anglais l’ont pris en chasse et il a vite été coulé. À part ça nous étions bien logés durant le voyage, pour enfin arriver, le 5 mai 1941 à Greenock (Ecosse).

Contact : Jean Abarnou (fils) : jean.abarnou@hotmail.fr

Jean Abarnou le vendredi 05 juin 2020 - Demander un contact

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Un Abarnou à Paris

J'ai connu un Jean Abarnou en 1982. Il habitait à Paris, au 16, boulevard Gouvion-saint-Cyr.
Est-ce le même ?

Marc Blanchard le mardi 18 juin 2013

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Les corvettes de la France Libre, de Pierre de MORSIER

Sous les ordres de l'enseigne de vaisseau Petrochilo, officier en second, le repêchage des rescapés, les soins à leur donner ont été organisés dans des condi­tions d'efficacité et de rapidité remarquables étant donné l'état de la mer et les possibilités réduites d'une corvette. L'enseigne de vaisseau Philippon, le quar­tier-maître R.D.F. Abarnou et le matelot asdic Rom, accrochés d'une main aux filets, à l'extérieur de la coque, plongés dans l'eau jusqu'à la poitrine par les coups de roulis, saisissaient les survivants. Le matelot infirmier Aveline a été d'une compétence et d'un dévouement au-dessus de tout éloge, donnant des soins non seulement aux blessés graves, mais encore à une trentaine d'hommes que leur séjour dans l'eau très froide et le mazout absorbé mettaient en danger.

Laurent le samedi 27 février 2010 - Demander un contact

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Jean Abarnou

Fait prisonnier par les Anglais lors de l'oparation Catapult à bors du sous-marin "L'Ajax" (Dakar 1940)
Rallie les FNFL

sous-marin.france 

Laurent le vendredi 30 octobre 2009 - Demander un contact

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In Memoriam Jean Abarnou.

In Memoriam.
Texte rédigé par l'Amiral Talarmin fev 1999.
Jean Abarnou

Jean Abarnou est né le 15 avril 1919 à Lanarvily (Finistère), où ses parents tenaient une ferme. Après des études primaires à l’école du Sacré-Coeur de Lesneven et l’obtention du certificat d’études, il revient durant quelques années à la ferme de ses parents, puis s’engage dans la marine le 16 avril 1937, à l’âge de l8ans. Après avoir suivi le cours de torpilleur, il embarque en qualité de matelot-torpilleur, fin 1937, à bord du sous-marin Ajax. C’est sur ce bâtiment qu’il quitte Brest le 18 juin 1940 pour gagner Casablanca puis Dakar. Après des vicissitudes diverses, il rallie début 1941 les Forces françaises libres. Après avoir suivi les cours de détection à île de Man, et d’asdic à Campbeltown, Jean Abarnou embarque en novembre 1941 en qualité de quartier-maître asdic à bord de la corvette Roselys en cours d’armement.

Il ne quittera ce bâtiment qu’en mai 1944 pour embarquer sur la corvette Aconit, avec laquelle il participera aux opérations de débarquement en Normandie, puis à l’escorte des convois de ravitaillement des troupes débarquées. Le séjour de trente mois passés à bord de la Roselys marquera tout particulièrement Jean Abarnou. A bord de cette corvette, il participe de façon incessante au plus fort de la lutte anti-sous-marine, et par tous les temps, aux difficiles escortes des meurtriers convois de l’Atlantique-Nord entre le Canada et l’Ecosse.
Au cours de ces convois, la Roselys se distinguera à maintes reprises. Le 25 janvier 1942, elle éperonne et endommage un sous-marin allemand, puis à nouveau les 11 mars, 12 avril, 14juin, 20 et 24 septembre 1943. Janvier et mars 1944, elle se signale à nouveau, soit en repoussant des attaques aériennes, soit le plus souvent en participant activement à des actions anti-sous-marines au cours desquelles les opérations asdic, dont Jean Abarnou, ont un rôle déterminant.
Il devra, au cours de ces convois de l’Atlantique Nord, recueillir de nombreux rescapés provenant des bâtiments marchands torpillés.
Mais la Roselys participe également aux convois vers la Russie. Du 22 au 30 mai 1942, la corvette escorte le convoi PQ 16 d’Islande, à Mourmansk, par une route qui la fait passer près du cercle polaire, à une époque de l’année où le jour est presque permanent.

Chacun voit aujourd’hui les dangers courus par ces convois : menace des cuirassés et croiseurs lourds allemands tapis au fond des fjords, attaques aériennes et sous-marines nombreuses. Durant huit jours, le convoi P0 16 est soumis à des attaques aériennes incessantes. L’équipage doit supporter une tension extrême et ne peut quitter son poste de combat que pendant de courtes périodes.
Le 25 mai, tout particulièrement, le convoi subit plus de cent attaques aériennes, et de nombreux bâtiments sont coulés. La Roselys se porte au secours du transport de munitions « Stan Bolchevik » qui est en feu et elle contribue à courte distance avec ses lances à éteindre l’incendie.
Il recueille aussi trente-six rescapes du cargo américain City of Juliet, puis atteint enfin Mourmansk.
Apres un séjour d’un mois dans ce port, il reprend la route de retour avec un convoi de seize navires à vide et fait route vers l’Islande. Par suite de difficultés de navigation, mauvaise visibilité et mauvais temps, l’ensemble du convoi et des escorteurs pénètre dans un champ de mines. Six bâtiments sautent et coulent. La Roselys pendant cinq heures s’emploie en plein champ de mines à sauver les survivants et débarquera à Reykjavik 179 rescapés ; à cette occasion, Jean Abarnou recevra la médaille de sauvetage, et l’amiral Giret, alors officier de manœuvre de la Roselys, me disait il a quelques années se souvenir parfaitement du remarquable courage manifesté par l’enseigne de vaisseau Philippon et les quartiers-maîtres Abarnou et Roms qui, accrochés aux filets disposés à l’extérieur de la coque, ont, au cours de cette nuit tragique et malgré le froid et les coups de roulis violents, contribué par leur seule action à recueillir au moins 25 survivants.

Voilà en résumé Faction accomplie par Jean Abarnou aux Forces navales française libres cela représente plus de quarante mois passés en opérations. Promu S/Mtre aux FNFL, Jean Abarnou continuera sa carrière dans la marine nationale qu’il quittera en 1962 avec le grade de martre principal, grade alors le plus élevé dans le corps des officiers mariniers.
Chevalier de la Légion d’honneur, Jean Abarnou était aussi titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre 1939-1945 avec trois citations, de la croix du combattant volontaire de la Résistance, de la croix du combattant volontaire, de la médaille de sauvetage.

Jean Abarnou (15 avril 1919-2 février 1999)

jean abarnou (fils) le vendredi 13 mars 2009 - Demander un contact

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Dernière mise à jour le vendredi 05 juin 2020

 

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