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Jacques Mouanga - son Livre ouvert ! Françaises et Français libres : Une identité née de la pluralité Par Eric Jennings page 31 et 32
" Ainsi, nous apprenons que, le 12 mars 1941, un boutiquier du nom Alphonse Makaya, né en novembre 1920 dans le Kouilou, département du Moyen-Congo, s'enrôla à titre « d'engagé volontaire » dans la marine de la France Libre au port de Pointe-Noire. Fils de Mapambou Makaya et de M'Bongo, il avait grandi dans la subdivision de Madingo-Kayes, en bord de mer, à une vingtaine de kilomètres au nord de Pointe-Noire. S'il ne possédait pas de permis de conduire, il est en revanche probable qu'il savait déjà naviguer en bateau lorsqu'il s'engagea à l'âge de vingt et un ans.
Au cours des trois années suivantes, Makaya servit en tant que "matelot africain sans spécialité" à bord de deux corvettes de la France Libre, prêtées par la Royal Navy, le Commandant d'Estienne d'Orves et le Commandant Drogou. Il participa à la bataille de l'Atlantique, mais fut toutefois réaffecté à Pointe-Noire en décembre 1943. Il n'était donc plus présent à bord de l'Estienne d'Orves lorsque ce vaisseau participa au débarquement de Normandie.
Makaya n'obtint jamais de promotion, et purgea, en revanche, dix jours de prison militaire en juin 1941 pour "mauvaise volonté continuelle". Fait notable, en mars 1942, il écopa de vingt jours de prison pour une "réclamation collective". Le dossier reste hélas muer sur le sujet de ladite réclamation, mais une autre fiche, celle de Jacques Moanga, relève la même peine, à la même date, pour le même délit. Les travaux de David Killingray ont montré toute la gamme d'actes d'opposition coordonnés utilisés par des Africains au sein de l'armée britannique, depuis la grève du zèle à la mutinerie ouverte, pour formuler des revendications spécifiques, concernant par exemple la solde ou le régime alimentaire. Il semble probable que les marins de la France Libre aient formulé des doléances ponctuelles et précises de ce même type lors de cette revendication réprimée.
Revenons sur une autre mention dans la fiche de Makaya qui retient l'intérêt. Elle révèle en effet que le natif de du Kouilou avait été "engagé volontaire". Nous savons, grâce à la riche autobiographie d'un des très rares sous-officiers africains de la France Libre à avoir laissé des mémoires combien comptait cette étiquette "EV", comme elle était plus communément connue. L'ancien sous-officier camerounais en question, Raphaël Onana explique en effet : "J'ai été incorporé, pour une période de trois ans, dans la Milice du Cameroun, comme Engagé Volontaire. Pour cette raison, on nous appelait les "EV" Jacques Ghémard le jeudi 11 juillet 2024 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |