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Roger Paul Dalem - son Livre ouvert ! "... A vrai dire, il ne se trouve pas dans les gros volumes de souvenirs vécus que tout le monde a lus. Il s’agit plutôt de quelques pages que le chef de la Confrérie Notre-Dame a mises en tête de son premier roman, « La Nuit des Oliviers » (Raoul Solar. éditeur.).
Le héros en est un Juif. Certes, Rémy l’avoue, il a, dans le passé, partagé beaucoup des préventions antisémites. Mais la guerre m’a appris à en connaître plusieurs (des Juifs), qui étaient merveilleux par leur courage, par leur abnégation, par leur désintéressement, par leur foi dans la France. Aussi bien ai-je voulu que ce livre fût. au moins en ce qui me concerne, une réparation. Je l’ai dédié à quatre des nôtres, qui sont morts tous les quatre aujourd’hui, et qui étaient Juifs.
Le premier est Roger Dalem, l’un des premiers en date de nos volontaires clandestins…, tombé glorieusement à la tête de ses hommes en donnant l’assaut à l’He d’Elbe. Le second est René-Georges Weill, qui se porta volontaire pour être parachuté au milieu de nous… fut pris quelques heures après son départ. Rémy pense qu’il lui a sauvé la vie en se donnant la mort.
Jacques Mendel, le troisième, en se portant volontaire pour les missions les plus périlleuses, n’a pas failli à son destin, qui était de mourir pour la France dans un camp de déportation en Allemagne.
Le dernier était le colonel du génie en retraite René Lévy. Il s’était, écrit Rémy, porté volontaire pour abriter ma « centrale » dans sa propre maison à l’heure d’un extrême péril. Au tableau que je lui faisais des risques mortels qu’il allait encourir avec sa femme du fait1 de notre présence sous son toit, il me répondit par ces dignes de l’antique :
« Monsieur, cela fait deux ans et demi que je vous attendais. »
En citant ces quatre exemples, Rémy a conscience d’être profondément injuste vis-à-vis de tant d’autres Juifs dont il faudrait produire l’interminable liste et qui, comme eux, ont tout donné, sur tous les champs de bataille. Leur sacrifice prouve à quel point ils aimaient la France, même si leurs origines françaises ne remontaient pas très loin. Ce sacrifice nous commande d’admirer, d’être reconnaissants et d’ouvrir les bras. Il m’a inspiré, conclut l’auteur de « La Nuit des Oliviers », à leur adresse et dans leur souvenir, ce très modeste hommage..."
Témoignages sur les résistants juifs de France
Roger Berg
Dans Le Monde Juif 1949/4 (N° 18), pages 33 à 34
www.cairn.info Laurent Laloup le mardi 09 février 2021 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |