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Le Combattant Landais : (Etonnant récit)
" SAINT PAUL LÈS DAX
Parcours du caporal chef Jean POUZET
Ancien combattant volontaire des FORCES FRANÇAISES LIBRES
2ème division blindée / 501ème Régiment de Chars de Combat
Né le 7 juin 1923 à LYON, le jeune POUZET n'a que 16 ans lorsque la guerre éclate. Sa première expérience du feu est alors celle que connaissent les flots ininterrompus de réfugiés dont il fait partie, fuyant la zone des combats très vite rattrapés et mitraillés par les avions allemands sur les routes de France. Les scènes d'horreur, auxquelles il est confronté à tout moment, le marqueront à vie. Aussi, au lendemain de la poignée de main ignominieuse de MONTOIRE entre PETAIN et HITLER, il décide de se battre en rejoignant l'Afrique afin de participer à la lutte contre l'envahisseur.
S'embarquant sur un navire au départ de MARSEILLE, il rejoint la TUNISIE au début de 1941 et s'engage à TUNIS au 43ème RIC. Commence alors pour lui un périple de plusieurs mois au cours desquels le marsouin Jean POUZET se bat au corps à corps contre les chemises noires, fascistes italiens, reçoit un coup de poignard au bras droit, est transporté en ambulance à cheval, précise-t-il, dans l hôpital le plus proche là où il est fait prisonnier, les allemands ayant réquisitionné l établissement pour leurs propres blessés.
Apprenant le soir même, grâce à la complicité d'une infirmière comprenant l'allemand qu'ils vont être embarqués de nuit à bord d'un bateau ayant déchargé sa cargaison militaire, et en partance pour l'Allemagne, donc pour rejoindre un camp de prisonniers, il s'évade avec quelques camarades de combat. Quittant leur uniforme, revêtant des tenues civiles bleues équipées d'un brassard «Police Auxiliaire», ils réussissent, grâce à des complicités, à échapper aux recherches menées par les allemands pendant quelques jours.
Arrêtés au sortir d'un commissariat par un officier SS et 2 Feldgendarmes, ils sont emmenés à l'hôtel Ambassadeur où se trouve l'Etat Major allemand à TUNIS. Témoins d'une violente dispute entre l'officier SS et un colonel allemand, ils comprennent que leur sort va se régler dans les heures qui suivent. Enfermés dans un quartier avec interdiction de le quitter, le groupe de 10 français décide de s'évader, profitant de la nuit suivante. S'emparant de 2 camions militaires italiens non surveillés par leurs conducteurs, ils réussissent à s'échapper en direction de la Lybie, à rejoindre les unités de la 8ème Armée Britannique entre TOBROUK et TRIPOLI, puis après de nombreuses péripéties liées à la méfiance des officiers de renseignement de sa gracieuse Majesté, ils sont dirigés sur la 1ère Division de Français Libres.
Le 7 juin 1943, pour ses 20 ans, Jean POUZET est affecté à la 1ère Compagnie de Chars du 501ème Régiment de Chars de Combat, sous les ordres du sous-lieutenant Robert GALLET, futur ministre de la République, il va parfaire sa formation au combat sur char.
Mi-août, installation dans la région de CASABLANCA, réception des matériels US Armement, équipements individuels blindés, mise sur pied et entraînement de la future 2ème DB du Général LECLERC.
Février 44, embarquement de la division à ORAN, débarquement en Angleterre à Liverpool puis enfin début août 44, embarquement pour la Normandie et inoubliable émotion pour tous ces soldats lorsqu'ils foulent le sol de France, en métropole. Puis, très vite l'engagement offensif aux côtés des alliés, dans la région de Falaise, premiers combats meurtriers, 1er sherman qui explose touché de plein fouet par les redoutables canons de 88 des tigres lourds allemands.
L'adjudant DESNOULE, âgé alors de plus de 40 ans, ancien de 14/18 dit aux jeunes : «Les enfants, nous sommes tous volontaires pour redonner à notre pays la France sa dignité, sa liberté, et c'est malheureusement le prix à payer, nous l'assumerons.»
Un peu plus tard, dans la forêt d'ECOUCHE, en pointe du dispositif, un char tigre se présente face à nous. Au 1er tir, notre obus ricoche sur la plage avant du monstre d'acier, véritable forteresse roulante, le 2ème obus lui coupe heureusement la chenille droite, l'immobilisant sur place, permettant ainsi à un de nos shermans de le détruire par un tir de flanc.
Puis c'est l'approche et les combats pour la libération de la capitale PARIS, avant la reprise de l'offensive vers l est, parcours éprouvant, jalonné par les combats meurtriers d'ANDELOT, CHATEL SUR MOSELLE, les VOSGES et le débouché dans la plaine alsacienne.
Jean POUZET évoque 2 épisodes particulièrement marquants. Débouchant du massif vosgien, ayant contourné les défenses adverses, et emportées par leur élan, les colonnes blindées roulent à tombeau ouvert en direction de STRASBOURG. Au cours de cette véritable chevauchée irréelle au maxi de la puissance qu autorise nos blindés, nous nous trouvons, sur la même route que nous, face à une colonne ennemie qui montait vers les Vosges afin d effectuer la relève d'unités allemandes. Cette colonne est littéralement écrasée sous nos chenilles, détruite, disloquée avant d'avoir compris ce qui lui arrivait!
Autre épisode éloquent, en poste avancé près de BENFELD, après une nuit particulièrement glaciale, la température avoisinant les 25 degrés, un blindé allemand se présente face à nous au lever du jour. Aussitôt, nous tirons sur lui un obus, mais certainement en raison du froid intense, le canon se fend en deux, attirant sur nous une pluie de projectiles ennemis. Heureusement pour nous, 2 shermans en poste à proximité immédiate nous permettent de nous sortir de ce très mauvais pas!
Enfin, c'est l'entrée victorieuse dans la capitale alsacienne non évacuée par les troupes allemandes médusées. Le serment de KOUFRA est respecté.
Mise au repos sur ordre du commandement pendant quelques semaines, la 2ème DB reprend le combat, qui cette fois l'amènera en Allemagne au cœur du 3ème REICH. C est l'offensive sur STUTTGART, MUNICH, DACHAU puis enfin le nid d'aigle à BERSTESGADEN, là où prend fin pour notre marsouin devenu cavalier, une guerre qui aura duré plus de 4 longues années.
De retour à la vie civile, Jean POUZET se consacrera à la mécanique avion et travaillera pour des sociétés prestigieuses telles que BUGATTI, HISPANOSUIZA, SAMSON, TURBO-MECA, puis FOREST MACHINES, tout un parcours d'une vie bien remplie et au cours de laquelle furent appréciées ses qualités humaines, son respect des valeurs de la République, son amour de la Patrie, qui ne s'est jamais démenti, et qui, à l'âge de 17 ans l'avait conduit sur les chemins de l'honneur, au risque d'y perdre la vie.
Blessé au combat, le caporal chef Jean POUZET est titulaire de :
- la médaille militaire
- la croix de guerre avec citation à l'ordre du 501ème RCC
- l UNITED CITATION
- la médaille des combattants volontaires de la France libre
À l'occasion de la cérémonie du 14 juillet 2016 à DAX, Jean POUZET est mis à l'honneur et fait Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur promotion qui vient récompenser un parcours exceptionnel.
Encore bravo Jean POUZET, vous êtes et resterez à mes yeux un exemple pour la jeunesse de France! *
Lieutenant-colonel (ER) René TISSERAND
Président UNC locale de Saint-Paul-Lès-Dax" Laurent Laloup le jeudi 20 octobre 2022 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |