|  | | | | Fin de la campagne d'Afrique | | | Le recrutement devient notre préoccupation majeure. Il faut combler les vides creusés par les derniers combats. Il faut aussi penser à la création d'unités nouvelles, car personne ne considère notre rôle comme terminé.
Les engagés affluent en masse. A Sfax, à Sousse, à Kairouan, des jeunes gens n'ayant jamais servi, des réservistes démobilisés après l'armistice de Compiègne, des sous-officiers en congé d'armistice se présentent à nos unités et signent des engagements "pour la durée de la guerre plus trois mois".
Malheureusement des difficultés s'élèvent bientôt à ce sujet avec les représentants des autorités d'Alger. En effet, au fur et à mesure de l'avance de la VIIIe Armée, les commandements territoriaux sont mis en place par le XIXe Corps d'Alger.
Les changements survenus dans la situation depuis le débarquement américain en Afrique échappent encore à certains qui continuent à voir en nous les "dissidents". Pour eux l'élan qui jette vers nous ces jeunes gens avides de reprendre les armes est un mouvement criminel. Aussi n'hésitent-ils pas a menacer ceux qui nous rejoignent des foudres de la Justice militaire pour avoir "contracté un engage ment dans une armée étrangère". Une période pénible commence et nous constatons que notre prière de Gabès : "Mon Dieu, faites que nous soyons un", est encore loin d'être exaucée.
Cependant le rythme des opérations s'accélère. La 1re et 7e Divisions Blindées Britanniques et la 4e Division Indienne passent de la VIIIe Armée a la Ire Armée Britannique. La 1re DFL nous rejoint et lance son attaque sur Takrouna.
Le 7 mai, nous apprenons que les patrouilles du 11e Hussards pénètrent à Tunis et, le 12, nous entendons par hasard au poste radio de la popote le message suivant : "Her is the eight British Army calling to the first Italian Army. The conditions of redition are...".
Le 13 mai, la campagne de Tunisie est terminée. La patrouille du Lieutenant Conus reçoit la reddition d'un bataillon allemand et d'un bataillon italien. Une fois de plus nous sommes frappés par l'attitude des vaincus. Les compagnies allemandes sont parfaitement alignées. Les adjudants rendent au Commandant du Bataillon l'appel dans la forme réglementaire, le matériel qui doit être remis est déposé en tas réguliers, mais il a été rendu inutilisable. Après que le Commandant du Bataillon eut remis son commandement, les unités rompent en ordre et s'en vont au pas cadencé en chantant. Nous constatons que si ces hommes ont été battus, leur moral reste intact, ils gardent toujours confiance en l'avenir. Leur Commandant salue ces hommes dont il est séparé pour longtemps. Se tournant vers le Lieutenant Conus, il lui dit ces mots, que nous devions garder longtemps dans nos mémoires : "Oui, l'Allemagne a perdu la guerre et il ne reste parmi nous aucun homme intelligent pour en douter. Mais ce dont vous ne vous doutez pas c'est combien de temps cette guerre durera encore". |
| | ***La campagne d'Afrique est terminée. D'autres combats attendent les spahis et les chasseurs. Ils les mèneront deux ans plus tard au nid d'aigle de Berchtesgaden sur lequel les trois couleurs flotter un jour de mai 1945 pour prouver que ceux luttent ont toujours raison d'espérer.
Des rives du Nil au pied du Zaghouan, dans sables fauves des dunes, dans la grisaille pierre des hamadas, dans l'argile rouge des steppes tunisiennes, des hommes dorment leur dernier somme Le khamsine ou le sirocco effacent petit à petit traces de passage des bérets noirs et des calots rouges. Mais la nature est plus lente que l'oubli des hommes |
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