|
Raphael Teiho ? Au Jour le Jour à Bir Hakeim - Carnets et récits (via Florence Roumeguère – juin 2012 )
"... Mains crispées dans le sable, j'ouvris les yeux... Hélas ! La mort était encore là. Seconde d'effroi inhumain que celle où il faut supporter son regard ! Un autre avion suivait en effet le premier dans le sillage et, à son tour, ouvrait le feu. L'horrible faux cette fois encore me manqua ! J'étais hébété et nerveusement épuisé, mais pour la deuxième fois je venais de passer au travers des barreaux. Teisho, qui était resté couché perpendiculairement à la ligne de tir, avait un genou broyé. La trajectoire qui l'avait touché m'était passée à 30 cm à gauche ; à droite une autre ligne d'impacts laissée sur le sol m'avait frôlé l'épaule. Si je n'avais pas changé de position, les deux mitrailleuses m'auraient atteint, mais, d'un autre côté, en me déplaçant j'avais pris le risque d'être fendu en deux, dans le sens de la longueur, par une dizaine de balles. Naturellement c'était une expérience que je me promettais de ne plus recommencer !
À la vérité, c'était les aviateurs allemands que la mort attendait à cet endroit. À peine avais-je mis Teisho à l'abri et plongé dans mon trou que les mêmes appareils apparaissaient au bord du plateau, se dirigeant, cette fois, non plus sur le camion de Pétis, mais à 200 m en arrière sur le premier poum-poum. (…) Tandis que je les maudissais de toute ma haine en tremblant encore de peur, le poum-poum frappa le premier à bout portant, en plein moteur, et l'abattit devant lui : il y eut une grande flamme rouge et une déflagration à secouer toute la région, le deuxième appareil tangua brutalement puis explosa à son tour, arrosant les servants de la pièce DCA d'un mélange d'huile, de ferraille fumante, de sable et de sang. Nous étions vengés..."
laurent le samedi 16 janvier 2016 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |