Emile Loew - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
Accueil
 
Presentation
Liste des Français Libres
Recherche même nom
Recherche déces même jour
Ajout d'un Français libre
Liste du SHD
Liste Chaline
Liste Ecochard
 
Contact
 
 

Un Français Libre parmi 62914
 

Emile Loew



Naissance : 5 novembre 1921 - Hoenheim (67)

Activité antérieure : liberal / cadre

Engagement dans la France Libre : Liban en juillet 1943

Affectation principale : Terre DFL - Moyen Orient / train

Grade atteint pendant la guerre et spécialité : 2C

Décès à 80 ans - 15 mai 2002 - Illkirch-Graffenstaden (67)

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 374832

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 32491

Contribuez à son livre ouvert !

Ouvert à tous pour exprimer vos sentiments, évoquer vos souvenirs, préciser son parcours, sa vie, poser des questions, citer des livres, des articles, des sites, déposer des documents, photographies, ...

Votre nom Votre e-mail il restera caché

Titre de la contribution

Texte de la contribution

Une image (gif ou jpg) sur votre ordinateur

Et pour prouver que vous n'êtes pas un robot : 8 multiplié par 6 =  ?


Emile Loew - son Livre ouvert !
 

De la Wehrmacht aux Forces françaises libres

Article sur le site de la Fondation de la France libre 

"Le groupe, douze jeunes gens du Bas-Rhin, qui a fait l’objet du récit suivant, reçut de janvier à juin 1943 son instruction militaire à Reutlingen, puis à Ludwigsburg. Il fut ensuite affecté à un bataillon de marche formé à Constance qui, initialement, devait partir sur le front russe.

Quelques jours avant le départ prévu du bataillon, en raison de l’imminence d’un débarquement allié en Sicile, un contre-ordre changea la destination du bataillon, à la plus grande joie des Alsaciens.

Cette circonstance devait les favoriser car, grâce à un subterfuge, ils purent rester groupés dans un même groupe de mortiers de 81 sous encadrement allemand : deux caporaux-chefs et un sergent. Ce fait est sans doute unique dans la Wehrmacht car les instructions interdisaient formellement l’affectation de plus de deux Alsaciens à un même groupe de combat.

Voici les noms des Alsaciens formant ce groupe :

PREMIÈRE PIÈCE

Porteur de la plaque de base : René Kress, actuellement adjudant de gendarmerie, demeurant à Schiltigheim (Bas-Rhin).

Pointeur : François Lotz, actuellement notaire, demeurant à Pfaffenhoffen (Bas-Rhin), chef de bataillon de réserve d’infanterie de l’armée française.

Chargeur : Lucien Brandstedt, actuellement électricien, demeurant au Maroc, gradé de l’armée française.

Pourvoyeurs : Pierre Lienhard, actuellement agent commercial, demeurant à Strasbourg ; Charles Vetter, actuellement ouvrier, demeurant à Ostwald ; Jean Zaegel, actuellement conseil juridique et fiscal, demeurant à Strasbourg, lieutenant de réserve de l’armée française.

DEUXIÈME PIÈCE

Porteur de la plaque de base : Joseph Fuchs, actuellement archiviste de la ville de Strasbourg.
Pointeur : René Lang, peintre en bâtiment, depuis lors décédé.

Chargeur : Martin Mutschler, actuellement employé de la S.N.C.F., demeurant à Strasbourg.

Pourvoyeurs : Émile Loew, actuellement ouvrier, demeurant à Strasbourg ; Antoine Kirsch, actuellement chauffeur, demeurant à Strasbourg ; Xavier Koffel, actuellement fondé de pouvoirs, demeurant à Lingolsheim.

L’évasion

Le bataillon traversa rapidement l’Italie ; il franchit le détroit de Messine le 11 juillet et prit position au sud du terrain d’aviation de Catane, en bordure du Simeto, dans la nuit du 14 au 15 juillet 1943. C’est au cours de la traversée de l’Italie que nos Alsaciens apprirent le 10 juillet au matin en gare de Palmi, par un prêtre italien, que les Alliés avaient débarqué en Sicile. Des parachutistes anglais avaient sauté dans le secteur et le bataillon avait reçu une mission de ratissage de la zone, les combats les plus violents se déroulant à une vingtaine de kilomètres plus au sud. Notre unité se trouvait donc en quelque sorte isolée.

Dès le lever du jour, la montagne sicilienne, qui paraissait se trouver à portée de main, obséda les Alsaciens. Pour eux, c’était là-bas que se trouvait leur salut !

Mais à 6 heures du matin, nous subîmes un violent tir d’artillerie : en effet, les quelques parachutistes s’étaient multipliés au cours de la nuit, nous avions devant nous la VIIIe armée anglaise. Les Anglais attaquèrent la position allemande et vers 8 heures du matin, ils étaient arrivés à 100 mètres de celle-ci.

La figure de notre commandant de compagnie devint brusquement très grave. « Préparez-vous à l’assaut », nous ordonna-t-il en sortant son pistolet et l’armant. Certes, l’assaut mettrait sans doute fin d’une façon rapide et définitive à notre calvaire.

L’Alsacien enrôlé dans la Wehrmacht se voyait, lui, contraint de risquer sa vie pour une idéologie et pour un pays qui n’étaient pas les siens, contre son propre pays et ceux qui l’aidaient. Donc, et j’en viens à ce que je ressentais, dans le cas de ma mort, les miens n’auraient même pas la consolation que je m’étais sacrifié pour eux. Ils ne pourraient qu’en être profondément affligés, sans avoir la possibilité d’en être fiers.

Je pris le bipied du mortier sur le dos dans l’idée qu’il me protégerait contre les balles et je me couchai sur le ventre. Ma tête reposait sur le postérieur de Jengele qui me souffla : «Prépare ton mouchoir et ton arme. » C’était une excellente idée : les deux risquaient de me sauver la vie.

Mon mouchoir blanc dans ma main gauche enfoncée dans la poche, de la main droite plaquée contre le sol, je tenais mon pistolet, et dans cette attitude à la fois pacifique et guerrière, je priais.

Brusquement, le commandant de compagnie vint vers nous et nous ordonna de mettre les mortiers en batterie, prêts à tirer à 100 mètres. Au cours de l’attaque anglaise qui échoua, deux camarades alsaciens furent blessés, notre groupe se trouvait à l’extrême droite de la position allemande et notre sergent avait disparu. Au cours de la période d’accalmie qui suivit, les Alsaciens songèrent à s’évader vers la montagne.

Vers 10 heures, ils simulèrent un repli de blessés, avec l’intention de mieux observer la position. La progression vers l’arrière dans un chemin creux fut très lente car l’un des blessés souffrait atrocement. Au bout d’un quart d’heure, ils atteignirent une zone absolument déserte qui montait légèrement à droite du chemin et qui s’inclinait vers une zone marécageuse : un fourré de roseaux. C’est ce fourré qu’ils décidèrent de rejoindre afin de s’y cacher provisoirement ! Pour l’atteindre, nous décidâmes de nous alléger en nous débarrassant de nos mortiers : en quelques secondes, les deux plaques de base, les deux bipieds et les deux tubes disparurent dans les cactées. Une hystérie collective s’empara alors de nous, nous arrachâmes tous de nos tenues les aigles à croix gammée et les envoyâmes rejoindre les mortiers. Nous étions devenus des déserteurs vis-à-vis des Allemands alors que nous apprîmes par la suite que cette scène s’était déroulée à moins de 200 mètres de la position allemande. À ce moment, nous nous aperçûmes que nos deux caporaux-chefs nous avaient suivis. Nous leur fîmes alors comprendre que nous allions rejoindre les Anglais et que s’ils ne nous accompagnaient pas, nous prendrions toutes les dispositions pour qu’ils ne nous causent aucun ennui. Ils se consultèrent à voix basse et nous annoncèrent qu’ils étaient prêts à nous suivre ; nous leur enlevâmes leur arme et les emmenâmes comme prisonniers.
C’est à ce moment que notre camarade Jean Plumeré, motocycliste de la compagnie, s’était joint à nous (actuellement agriculteur à Strasbourg Montagne-Verte).

Emmenant blessés et prisonniers, franchissant une zone battue par l’artillerie anglaise, les Alsaciens arrivèrent dans le fourré beaucoup plus vaste qu’il ne paraissait et rencontrèrent un groupe de parachutistes anglais.

Au cours de la nuit, ils progressèrent avec ce groupe sur la rive gauche du fleuve ; la progression se fit par saccades, ils retenaient leur souffle, seuls leurs coeurs battaient très fort. De temps en temps, une fusée éclairante les figeait instantanément : on tirait toujours devant eux. Enfin, ils atteignirent le coude du Simeto. De l’autre côté du fleuve, des Anglais sortaient de partout : la jonction avec la VIIIe armée anglaise s’était faite.

Enfin libres

Le lendemain nous fûmes transférés en Libye, notre camarade Fuchs fut hospitalisé et nous fûmes interrogés par un officier d’état-major. Nous lui montrâmes nos cartes d’identité françaises que nous avions secrètement emportées avec nous.

Enfin, après beaucoup d’insistance de notre part, les Anglais permirent aux Alsaciens le contact avec une mission militaire française.

Le jour même de notre arrivée à Beyrouth, nous signâmes devant l’intendant militaire Hervé notre acte d’engagement à compter du 15 juillet 1943 dans les Forces Françaises Libres pour la durée de la guerre.

Le colonel Neuhauser, qui nous avait reçus, assistait à la signature, il continua à s’occuper de nous par la suite. C’est lui qui facilita la correspondance avec nos familles pendant toute la guerre comme si nous étions prisonniers de guerre des Anglais. Cette correspondance dérouta la Gestapo qui avait mené une enquête auprès des familles le jour de Noël 1943 et qui, grâce à ce subterfuge, ne furent plus inquiétées par la suite.

Le lendemain de notre arrivée à Beyrouth, enfin revêtus de l’uniforme français, nous déjeunions au mess des officiers de l’état-major des troupes du Levant, invités par le colonel Bapst, chef d’état-major.

Ce jour-là, le général de Gaulle reçut de Beyrouth le télégramme suivant : « Les dix premiers Alsaciens, libérés de l’armée allemande, arrivés à Beyrouth, signé : Bapst. »

Notre évasion fut une réussite en ce sens que l’unité allemande ne nous porta pas déserteurs mais disparus. Elle ne pouvait, en effet, nous porter déserteurs, parce que le commandant de compagnie avait contrevenu aux règlements en vigueur en laissant plus de deux Alsaciens dans le même peloton de pièce. Obligé de signaler ce fait, il risquait le conseil de guerre.

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 161, mars-avril 1966."

Jacques Ghémard le lundi 07 décembre 2015 - Demander un contact

La page d'origine de cette contribution

Recherche sur cette contribution

Dernière mise à jour le lundi 07 décembre 2015

 

Vous pouvez à tout moment obtenir la rectification des données, vous concernant, inscrites dans cette base qui est déclarée sous le n° 1137942 auprès de la Commission Nationale Informatique et Liberté





fiche.php PHPisé et MySQLisé par Jacques Ghémard le 28 1 2024  Hébergé par Nuxit  Temps entre début et fin du script : 0.87 s  8 requêtes