|
www.catholiquenapuka.pf 
Jérémie Teahinui a Tohitika
dit Teanui Kararo
Souvenir de John MARTIN au sujet de la mort de Teahinui
« KARARO Tainui
Né en 1906 à NAPUKA (Tuamotu), premier polynésien français du Bataillon du pacifique tué au combat pendant la seconde guerre mondiale, le 4 avril 1942 dans le secteur de Bir Hakeim.
Natif des Tuamotu , chauffeur de taxi au Marché de Papeete en 1940, engagé Volontaire dans les Forces Française Libres pour poursuivre la guerre auprès des Alliés, KARARO avait 36 ans lorsqu’il fut tué à vingt mille kilomètre de son "fenua", en plein désert de Libye.
Il participait depuis le mois de mars 1942 à une de ces colonnes motorisées placées sous le commandement du Général KOENIG,. appelées “Jock column” par les Britanniques, du nom de leur créateur, le Général John Campbell.
KARARO, comme ses frères d’armes polynésiens du Bataillon du Pacifique, trouvait un peu dans cette forme de guerre qui se déroulait dans l’immensité du désert, une certaine similitude avec les voyages océaniques sur le Grand Pacifique dont il avait 1’habitude. Son chef, le Général KOENIG, avait fait lui aussi cette comparaison lorsqu'il écrivit : “Les auto-mitrailleuses constituaient en quelque sorte la ligne de surveillance des bâtiments légers, indispensable pour éclairer et fournir le renseignement, mais incapables de résister aux formations plus lourdes des croiseurs légers, encore moins aux escadres lourdes, constituées par les patrouilles ou escadrons de chars. Les “jocks” colonnes intervenaient alors pour arrêter l’escadre adverse ou les croiseurs isolés forçeurs de blocus”.
KARARO était à bord de l'un de ces véhicules de sa “Jock column”, qui, comme des navires, se déplaçaient en formations régulières, à petite vitesse et suffisamment dispersés pour échapper au danger aérien. Ils naviguaient à la boussole et au compas solaire …” écrit le Général Yves GRAS.
Opérant très tôt le matin ou à la tombée de la nuit, évitant les heures torrides de la journée et leurs mirages qui trompent la vue, sans protection aérienne, ces super-patrouilles étaient la cible idéale des Messerschmitt allemands et des Macchi italiens. Vie extrêmement éprouvante pour ces combattants, sans réelle récupération nocturne, la nuit étant réservée aux incursions à l’intérieur des lignes ennemis.
La position de BIR HAKEIM était occupée depuis le mois de février 1942 par la Brigade Française Libre, d’où partaient nos “Jock columns”. Celle à laquelle participait KARARO avait pour mission de simuler une attaque générale menée par toute la 8ème l’Armée. afin d’attirer sur elle le gros de la Luftwaffe basée en Méditerranée, et ainsi permettre à un convoi de la Royal Navy de ravitailler Malte. La colonne du Bataillon du pacifique fonce d’abord sur Bir ei Hamaris, à une centaine de kilomètres à l’Ouest de Bir Hakeim, puis se rabattant vers le Nord, pusse des éléments au-delà de la piste qui relie Mechili a Timimi, tandis que les auto-mitrailleuses et les colonnes de la 1ère Division Sud-Africaine attaquent des aérodromes entre Timimi et Martouba. Cette diversion atteint son but, mais la Brigade Française Libre perd 13 véhicules incendiés dans des engagements avec l’aviation ennemie.
KARARO est là, adossé à la benne du camion “Fordson” de son groupe. Il tient fermement en main le fusil “anti-tank” qui lui avait été affecté en Syrie, et dont il n’a encore fait usage qu’en exercice de tir. Le long crépuscule du désert va commencer, les camions qui flambent ça et là ajoutent un éclairage irréel au paysage. Les chasseurs bombardiers ennemis, seuls maîtres du ciel, font du rase-mottes, prennent leur temps, passent et repassent pour mieux repérer leurs cibles. On peut même distinguer la silhouette de leurs pilotes. Les bombes anti-personnel pleuvent, les mitrailleuses des avions ennemis crépitent rageusement, mêlant leur rythme rapide à celui plus lent de nos “hotchkiss”. KARARO tire sur un avion presque à bout portant avec son fusil anti-char, ignorant s’il l’a touché, il réitère sur le suivant, mais un troisième se présente par le travers et lâche une petite bombe qui éclate non loin de lui, dont un éclat lui ouvre le ventre. Malgré sa terrible blessure, KARARO est toujours de bout; de son bras gauche il essaie de contenir ses entrailles tout en continuant à tirer. Et c’est seulement à bout de munitions qu’ils s’effondre, laissant, selon la tradition maohi, son âme retourner à Havaiki … la nuit de ce 4 avril 1942 est tombée, les oiseaux de malheur sont maîtres chez eux, le désert retrouve son silence …
Le lendemain, c’était le jour de Pâques. Point de trêve, et c’est alors autour des Allemands, excédés, de faire une sortie de force. Heureusement que la veille au soir, les camarades de KARARO ont pu recueillir sa dépouille, et obtenir l’autorisation de la ramener le soir même au camp de base de Bir Hakeim ou elle recevra une sépulture digne de lui.
KARARO Tainui repose maintenant depuis plus d’un demi-siècle au Cimetière de Bir Hakeim – tombe 97, parmi d’autres héros qui comme lui ont donné leur vie pour que vive la France.
John MARTIN – Avril 1993 » Laurent Laloup le lundi 28 avril 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |
