Daniel Charles Joseph Hommey - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Daniel Charles Joseph Hommey



Naissance : 6 décembre 1918 - Clermont-Ferrand (63)

Point de départ vers la France Libre : Metropole

Engagement dans la France Libre : en juillet 1940

Affectation principale : FNFL / marine de guerre

E M Londres, marine Levant, marine Madagascar

Matricules : 1870 C34

Grade atteint pendant la guerre et spécialité : commissaire marine

Décès à 84 ans - 30 janvier 2003 - Perpignan (66)

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 295255

Dans la liste de l'amiral Chaline : ligne 6862

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 24973


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Laurent Laloup le mercredi 17 janvier 2018 - Demander un contact

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Témoignage de Daniel Hommey

Témoignage publié dans le "courrier des lecteurs" de la revue Historama, janvier 1977

Ayant été au coeur du problème je crois utile de vous apporter ma contribution et vous autorise à en faire l'usage qu'il vous plaira :

Tous les bâtiments de guerre présents sur les côtes françaises ouest quittèrent leur port d'attache le 18 juin pour se ren­dre sur ordre de l'Amiral Darlan dans le port britannique le plus proche. Les bâti­ments ayant quitté Lorient (Le "Triom­phant", le "Cdt Dominé", l' "Impassi­ble" et je crois "la Moqueuse") arrivè­rent à Falmouth le 19. C'est au cours de cet après-midi que certains membres de l'équipage dont je faisais partie, à l'écoute de la B.B.C., entendirent l'appel du Général de Gaulle.

A Falmouth rien ne se passa avant le 3 juillet à 4 h. Tout le monde dormait quand le factionnaire descendit dans le poste et cria "Les gars, nous sommes entourés par deux torpilleurs anglais, canons braqués sur nous." A 8 h tout l'équipage quittait le bord après avoir amené les couleurs. Réunis dans les jar­dins entourant le Théâtre Municipal les équipages des différents bâtiments pré­sents dans le port, furent informés des conditions de l'Armistice. A 22 h tout le monde se retrouva dans la salle du Théâtre : là on nous remit un petit papier blanc sur lequel il nous fut demandé d'écrire "oui" ou "non" selon que nous dési­rions continuer la guerre contre l'Axe ou rentrer en France. Réponses anonymes, marin de son bateau, comme ce fut le cas, ceux ayant répondu "oui" seraient re­groupés pour s'embarquer dans un train qui nous mènerait à Portsmouth, les autres seraient dirigés vers des camps en attendant leur rapatriement.

Pour des raisons qui ne nous furent ja­mais expliquées, tout le monde, sans aucune distinction de volontaires ou non, se retrouva dans un train, et nous étions dans la matinée à Liverpool et de là embarqués dans des camions qui nous déposèrent dans des camps entourés de barbelés sur les terrains de courses d'Ain­tree - à 9 km de Liverpool. Les camps gardés par des sentinelles britanniques, regroupèrent environ 15.000 marins sous l'autorité de leurs commandants d'Unités. Les rapatriements en France n'eurent lieu qu'à partir de l'automne. On fit venir à Liverpool deux Navires-Hôpi­taux; le "Sphinx" et le "Canada" qui rapatrièrent au moins 10.000 marins. Il peut être intéressant de noter et en cela peu de marins me contrediront que si les Anglais avaient adopté une attitude per­mettant à ces marins de rester à bord de leurs bateaux - qui sont vous le savez toute leur vie - la majeure partie de ces navires auraient été maintenus dès juillet 1940 dans le combat; seuls quelques marins chargés de nombreuse famille auraient peut-être hésité. Un exemple est frappant de cette psychologie du marin : les trois sous-marins qui se trouvaient en Ecosse, le "Rubis" la "Minerve" et la "Junon" se rallièrent en entier dès les premiers jours de juillet. Mais, enlevez un marin de son bateau, comme ce fût le cas ce 3 juillet; vous le déracinez et c'en est fini ...; il faut voir là la raison essentielle du retour en France de plus de 13.000 de ces "débarqués".

Depuis cette réunion à Falmouth je suis décidé à partir et dès notre arrivée au camp d'Aintree, trois camarades se joi­gnent à moi pour tenter une sortie. Mais nous sommes dans l'ignorance totale des moyens nous permettant de mettre notre projet à exécution; même un officier de liaison anglais du camp nous dit ne rien savoir; il faut attendre notre rapatrie­ment.

Enfin, après une semaine de cet isole­ment, on autorise une infime partie de chaque équipage à sortir du camp de 14 à 16 h. Consigne formelle: 10 % maxi­mum de chaque équipage, et interdiction de quitter Aintree.

Heureusement certains marins d'au­tres camps poussent l'audace jusqu'à prendre le tramway qui les mène à Liverpool. A leur retour et à l'heure où les marins des différents camps se retrou­vent tous dans un terrain proche où est installé une Coopérative (N.A.A.F.I. : Navy, Army and Air Force Institute) nous apprenons qu'ils ont rencontré près de la Gare de Lime Street à Liverpool un S/Lieutenant de l'Armée Française qui se propose de faire partir sur Londres tous ceux qui le désireront après avoir signé un engagement pour la durée de la Guerre plus 3 mois sous les ordres de l'Amiral Muselier auquel le Général de Gaulle vient de confier le comman­dement en Chef des Forces Navales Fran­çaises Libres.

Décidés à partir, nous nous tenons prêts, avec mes trois camarades du bord, à saisir la première occasion; elle se pré­sente dès le lendemain; une alerte aérienne sème la panique chez les senti­nelles anglaises qui gardent les issues du camp. Nous bondissons et nous voilà en route pour Aintree. Dès notre arrivée à Li­verpool, nous apercevons en effet près de la gare un S/ Lieutenant français porteur d'un brassard aux couleurs françaises, sur lequel est imprimé "Légion de Gaulle". Contact pris, il nous conduit auprès de son chef, le Lieutenant Lahana qui occupe un bureau au Liverpool Press Club. Ayant signé les papiers d'engage­ment nous devons prendre le soir même le train pour Euston Station à Londres où nous serons pris en charge et conduits dans un Dépôt qu'installe la Marine à Gordon Street.

Nous n'avons donc qu'une hâte: partir pour Londres. Il y a un train vers minuit. Cette journée aura été mémorable à plus d'une titre: c'est le 14 juillet.

Au moment du départ, le Sous-Lieu­tenant nous informe qu'il a reçu un mes­sage de l'Amiral Muselier qui demande au Lieutenant Lahana de nous garder avec lui à Liverpool pour constituer le noyau d'une équipe de recrutement dans les camps. Et nous voilà coincés dans le port, sans gîte autre que les refuges des Y.M.C.A. (Youg Men Christ Association).

Et le lendemain 15 juillet 1940 com­mence pour nous une vie nouvelle à un double titre: sergents recruteurs et sous les ordres d'un officier de l'Armée de Terre. L'équipe est constituée dès 8 h :
- l'un de nous quatre sera le chauffeur d'une camionnette 303,
- les deux autres essaieront de péné­trer dans les camps pour y porter la bonne parole et distribuer un journal que l'on fabriquera avec les moyens du bord, - moi, je taperai le dit Journal qui sera rédigé par le S/Lieutenant Poirel en traduisant des nouvelles, qui paraissent dans les quotidiens régionaux et locaux, voire nationaux. Ensuite, je tire tout cela à la Ronéo. En route pour les camps qui sont dispersés tout autour de Liverpool.

Mais les choses s'annoncent plutôt mal dès le premier essai: nous ne pouvons pénétrer dans les camps qui sont placés, intérieurement, sous la responsabilité des Officiers français commandant les différents équipages. qui y sont "hébergés". Il faut donc rester hors des barbelés et essuyer les injures de certains de ces "messieurs" sans compter les bouteilles qui nous sont jetées ainsi que différents objets.

Le soir, au moment du départ du train de Londres les premiers marins que nous avons pu décider à nous suivre et qui ont signé leur engagement dans notre "local" c'est la bagarre quotidienne à la Gare de Lime Street, des commandos venus des camps essaient d'empêcher ces départs. Il faudra attendre plusieurs semaines pour que les choses se norma­lisent et ce n'est que très tard, vers sep­tembre je crois, que notre équipe qui s'est entre-temps renforcée, vue l'am­pleur de la tâche et la dispersion des camps, pourra enfin pénétrer dans les camps sans aucun risque sérieux.

Nous avons de véritables bureaux puis un jour nous émigrons dans le plus bel immeuble sur le Port, d'où nous contrôlons notre organisation qui s'est enrichie d'un bateau-dépôt, l'ex-transbordeur de haute mer venu de Cherbourg rebaptisé pour la circonstance "Le Volontaire". Là transiteront plusieurs centaines de marins des camps qui iront former les équipages des premiers bâtiments (nos propres bâtiments saisis le 3 juillet 1940) que les Anglais consentiront à nous rendre, non sans s'être faits prier plus que de raison après des scènes mémorables entre d'une part le Général de Gaulle et Winston Churchill et d'autre part l'Amiral Muselier et l'Amirauté de la Royal Navy.

Au moment du départ des Navires-­Hôpitaux "Sphinx" et "Canada" nous avons tenté, sur les quais de Liverpool, de rallier quelques marins. A l'occasion d'un de ces départs j'ai été le chauffeur occasionnel - et je m'en souviens car c'était la première fois que je prenais le volant d'une 303 dans les rues anglaises à circulation à gauche - d'un Lieutenant de Vaisseau (ou était-il Capitaine de Cor­vette ?) qui partait pour une toute autre destinée - mais pouvais-je le deviner ? c'était d'Estiennes d'Orves.

Cette tâche était cependant ingrate pour des marins - je venais de passer plus de quatre ans sur un Torpilleur et depuis septembre 39 j'avais participé à de nombreuses escortes de convois -. Je n'avais de cesse de quitter ces lieux et de me lancer à l'aventure. Mais ce n'était pas aussi facile que je me l'imagi­nais; j'ai dû à une circonstance très pénible d'être enfin autorisé à gagner Londres: la mort d'un Second-Maître fourrier dans un bombardement londo­nien et voilà comment j'ai fait mon entrée à I'État-major d'abord à Carlton Gardens en octobre 1940 puis à Westminster House en décembre où l'Amiral Muselier Commandant en Chef des Forces Navales et Aériennes Françaises Libres entrait dans ses propres meubles.

Je garde un souvenir émouvant des amitiés nouées à Liverpool au cours de cette mission hors du commun pour un marin. Ce brave Captain Kidd sans qui nous n'aurions pu démarrer et ces gens admirables du Liverpool Press Club qui ne savaient que faire pour m'être agréa­ble - sans oublier les pintes de bière et le gin -. J'ai même été fait membre de ce club. Je n'ai pas eu le bonheur de retourner à Liverpool pendant cette guerre qui m'a conduit de Londres au Moyen-Orient en faisant tout le tour de l'Afrique (63 jours de mer de Greenock à Freetown, puis Le Cap, Durban, Aden, Suez, Ismaïlia puis le train jusqu'à Haïfa et enfin le camion - le train n'allait pas plus loin à l'époque - jusqu'à Beyrouth - petite ville en ce temps-là mais combien attachante. Là j'ai participé au recrute­ment! encore! de 3.000 marins libanais pour assurer la défense des côtes de Tur­quie jusqu'en Palestine. Je n'étais plus, cependant, recruteur mais en qualité de Commissaire de l'Unité Marine de Bey­routh et Adjoint au Commissaire Chef de l'intendance Maritime de la Marine au Levant, l'habilleur et le payeur puis le ra­vitailleur de ces marins stationnant sur les plages libanaises - et même des ma­rins à cheval y patrouillant - pour servir des canons implantés là à leur intention par le Général Catroux. J'ai ensuite eu à m'occuper de nos braves fusiliers-marins de "retour" de Bir-Hakeim puis ce fut Madagascar avec encore plus de 40 jours de mer à cause des escales prolongées à Djibouti, à Mombasa, Tanga et Durban.

Mais en 1960 enfin, étant en Algérie, je me suis payé avec ma famille le voyage de Liverpool - afin d'y retrouver des amis chez qui j'avais été si généreusement hébergé au cours de mes trois mois de séjour forcé. Et là, en télépho­nant tous azimuts j'ai pu retrouver ce brave Captain Kidd, 20 ans après, dans un petit coin de la côte pas loin du lieu de nos exploits de 1940.

Daniel Hommey, Perpignan.

Francis Deleu le lundi 06 août 2007 - Demander un contact

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Dernière mise à jour le mercredi 17 janvier 2018

 

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