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"François-Antoine , dit Antoine, l'aîné de la famille , né le 4 novembre 1901 à Ajaccio, qui entre à l'école normale d'Ajaccio, est nommé instituteur à Bonifacio, puis à Ghisonnaccia: il s'y déplaît et demande à être envoyé outre-mer. Il obtient la Nouvelle- Calédonie où il se marie à Nouméa, le 20 janvier 1930, avec Marguerite Grassin, née à Tipindjé (Hienghène aujourd'hui) de parents qui étaient des colons libres venus de Tours en 1900 et qui furent massacrés par les kanaks insurgés .Il s'engage comme volontaire dans le Bataillon du Pacifique, est blessé et fait prisonnier à Bir- Hakeim.
Un de ses compagnons de combat, le lieutenant H.-G.. Payonne, a raconté la scène lors de ses obsèques:
«Aucun de ceux qui étaient présents le soir de son départ en mai 42 pour une patrouille de nuit dans les lignes allemandes, à Rotonda Segnali près de Bir-Hakeim, par un clair de lune d'une pureté incroyable comme en connaît seul le désert, aucun de ceux-là ne pourra jamais oublier avec quel courage, digne de l'antique , il est parti avec ses hommes pour une mort qui paraissait tellement inévitable à tous que, lorsque moins d'une demi-heure plus tard, les crêtes se sont embrasées au rougeoiement sinistre des mitrailleuses ennemies, bien des camarades ont pleuré, à 24 ans d'avance sur l'heure du destin commun de tous les hommes , la mort de leur camarade Griscelli.» Dernière phrase qui s’explique: A. Griscelli étant porté disparu comme bien d’autres , ses amis tahitiens et calédoniens hésiteront à le reconnaître à Belfort deux ans après lorsqu’il les retrouvera, en civil, émacié de plus et portant moustache afin de ne pas risquer d‘être identifié et le prendront pour un revenant!
Alors qu'il est inconscient et grièvement blessé à la suite de deux blessures, l'une à la tempe, l'autre à la cuisse, le général Rommel, qui avait pourtant refusé d'exécuter l'ordre donné par Hitler de fusiller des Alsaciens de la Légion étrangère française faits prisonniers, livre le prisonnier agonisant aux autorités militaires italiennes, dans la persuasion, sur la base de sa gourmette militaire «Griscelli », qu'il s'agit d'un Italien passé à l'ennemi. Les Italiens veulent le fusiller comme traître : à demi inconscient, il entend le chirurgien italien tenter de le sauver en affirmant aux autorités militaires que, de toute façon, il n'en avait plus pour longtemps à vivre et que cela ne valait pas la peine de le fusiller Ce chirurgien lui avouera plus tard avoir été persuadé de sa nationalité italienne et avoir agi par humanité. Convalescent, il est envoyé d'Afrique en Italie.
Du camp de prisonniers de guerre italien, il s'évade et fait évader, grâce à sa connaissance de l'italien, d"autres prisonniers originaires d'outre-mer, les menant jusqu'en Suisse, puis, sous le nom de Henri Maloisel (nom de la mère de sa femme), se joint aux F.F.I. du Doubs.
Sur son courage, j'extrais l'anecdote suivante du livre de François Broche, fils du colonel tué à Bir-Hackeim, Le Bataillon des Guitaristes , L'épopée inconnue des F.F.L. de Tahiti à Bir-Hakeim, 1940 -1942 (Paris, Fayard, 1970, 396 p.):
« Payonne jouait aux cartes avec lui et deux Tahitiens, dans un trou. Soudain, les Tahitiens se mettent à crier: « Prutia! Prutia! »(« (Les Allemands! Les Allemands!» appelés Prussiens par les Tahitiens ) . Ils avaient entendu, avant les autres, un avion allemand. Les quatre joueurs perçurent le sifflement de la bombe, qui se rapprochait, qui s'amplifiait. Payonne fut le premier à crier :« C'est pour nous! » Ils s'applatirent contre les parois du trou. La bombe tomba à quelques mètres. Une bourrasque de sable s'abattit violemment dans le trou. Payonne et les deux Tahitiens étaient paralysés par la peur, ils ne bougeaient toujours pas. Alors, Griscelli étendit les bras, secoua la couverture où se trouvaient encore les cartes et dit tranquillement, avec son accent corse: « Eh bien, qu'est-ce que vous attendez? A qui est-ce de faire? » Payonne le dévisageait, les yeux écarquillés. Griscelli reprit :« Eh quoi? Elle est tombée,cette bombe, elle ne tombera pas deux fois! »
De retour à Nouméa, il y sera nommé par la suite directeur des écoles autochtones nouvellement créées, puis sera élu en 1957 à l'assemblée territoriale dont il deviendra le président. Deux écoles, l'une à Népoui (Poya), l'école publique Antoine Griscelli, l'autre à Nouméa, l'école publique François Griscelli et une rue Antoine Griscelli à Nouméa ainsi qu’une rue à Boulari (Mont-Dore) portent son nom." laurent le mardi 05 janvier 2016 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |