Michel Marie Emile Durand Viel - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Michel Marie Emile Durand Viel



Naissance : 16 mars 1920 - Paris 6e

Activité antérieure : étudiant / scolaire

Point de départ vers la France Libre : Metropole

Engagement dans la France Libre : Londres en juillet 1940

Affectation principale : Terre DFL - Moyen Orient / chars

Cie de chars de la France Libre

Grade atteint pendant la guerre et spécialité : P2

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 204351

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 17189




Michel Marie Emile Durand Viel - son Livre ouvert !
 

Compléments d'informations de 1940 à 1945 / 7

Le chemin le plus long : pages 66 et 67 - Des jeunes français embarqués sur le "Rozbraz" d'Auray (Morbihan) à Saint-Jean-de-Luz (basses-Pyrénées) - Première partie : d'Auray à La Rochelle

" À la Trinité, il y a pas mal de bateaux à quai ou au corps-mort, mais bien peu, à première vue, qui soient en mesure d’appareiller sur-le-champ, sauf à la rigueur un chalutier sur le­quel se démène un petit équipage, commandé par un gradé de la marine nationale, un deux-ga­lons. Le chalutier Rozbraz est armé en garde-côte, il a sûrement été ré­quisitionné il n’y a pas bien longtemps par les autorités militaires et muni d’un canon de qua­rante millimètres qui, même s’il ne sème pas la terreur dans les flottes ennemies, suffit à le classer parmi les bâtiments de guerre.
Malin monte à bord et ordonne à l’enseigne de les emmener en Angleterre...
... Parce que j’ai des ordres à recevoir de vous ? fait le marin qui ne se laisse pas impressionner.
Les membres de l’équipage du chalutier-garde-côte conti­nuent leurs diverses besognes tout en gardant un œil sur les arri­vants.
• Les Boches arrivent, reprend Malin, vous n’allez pas les atten­dre à quai ?
• Je suppose que l’amirauté a son mot à dire...
Et après avoir pesé un instant du regard la résolution des sept fugitifs :
• Embarquez vos paquetages. On va voir.
Les paquetages, ce n’était qu’une façon de parler, car ils n’avaient évidemment aucun paquetage. À vrai dire : pas même la moindre provision. À cette idée, ils font le compte de ce qu’ils ont en poche pour le mettre en commun, et Mestivier part avec quatre hommes et deux musettes pour acquérir quelques vivres dans les boutiques les plus proches.
Pendant ce temps, le maître à bord essaie de contacter l’amirauté par radio : il ne parvient pas à obtenir la moindre in­forma­tion, sinon que les Boches ne sont pas encore à Lorient mais que l’amirauté, elle, est déjà en flammes à la suite d’un bombarde­ment.
Vers 19 heures, après que l’enseigne a fait décoller son chalutier du quai, à tout hasard, pour l’amarrer à une encablure de là, à une bouée, ils s’installent sur le pont à l’arrière du bateau pour dîner (saucisson-camembert) avec les sept matelots de l’équipage, sauf Segrétain, invité à la table du Pacha dans la ca­bine.
Ce rétablissement de l’ordre hiérarchique aurait pu passer pour saugrenu : il est au contraire ressenti par les déserteurs comme une sorte de rétablissement dans la dignité militaire dont ils sont sortis par effraction dans l’après-midi. Même pour échap­per à la veulerie d’une reddition sans combat, ce n’est pas sans vertige qu’on rompt d’un coup avec toutes les lois de l’institution mili­taire. Après une telle tension, la brusque détente va jusqu’à pro­voquer une certaine somnolence aidée par le bercement de la ma­rée montante.
Un gendarme a du mal à comprendre le rythme des actions et des pensées d’un marin. Réalise-t-il que les colonnes d’invasion du blitzkrieg foncent sur nos routes à plus de soixante à l’heure de moyenne ? Que la France s’effondre d’heure en heure ? Pourtant, depuis que le rafiot a bougé, si peu que ce soit, les terriens se sen­tent déjà un peu en route ; ils se sentent déjà quelque peu gagnés par la morne lenteur du nouvel élément. Sans se concerter, ils ont renoncé à user de violence.
Ils entendent un communiqué à la radio qui ne leur ap­prend pas grand-chose. Mais l’enseigne leur dit qu’il a entendu dans la journée que le gouvernement de Bordeaux a fait une dé­marche pour demander l’armistice. C’est la première fois qu’ils entendent parler d’armistice.
• Il ne manque plus que ça pour achever de démoraliser l’armée, dit Segrétain, déjà que le cœur n’y était pas... Nos troupes ne sont quand même pas toutes hors de combat ?
• Moi, en tout cas, armistice ou pas, je rejoins les Anglais si la métropole abandonne le combat. À moins que l’Afrique du Nord ne laisse pas tomber.
Mestivier est de cet avis.
Les marins restent silencieux en attendant que le patron se déclare.
• On verra demain à l’aube. Si l’amirauté n’est plus en mesure de donner des ordres, gagner le Maroc, c’est défendable.
Ils s’installent vaille que vaille pour dormir quelques heu­res, tandis que le patron répond à des gens qui l’ont interpellé de­puis le quai de la Trinité : Non, il ne reviendra pas à quai. Non, il n’embarquera plus per­sonne. Il ne tient pas non plus à se faire saisir son bateau par une autorité quelconque.
Non : la marine ne se sent pas vraiment dans le coup du désastre national dont les dernières vagues terrestres viennent mourir au bord de l’Atlantique. Un marin cherchera toujours à savoir quels sont les ordres même quand l’amirauté est en flam­mes.
Quand Malin et Mestivier se réveillent, il fait déjà jour, le chalutier est en pleine mer, en route vers le sud. Lefèbre est en train de les prendre en photo dans leur négligé matinal. C’est le 19 juin."

Guy Durand-Viel le samedi 16 mai 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations de 1940 à 1945 / 6

Le chemin le plus long : pages 64 et 65 Des jeunes français embarqués sur le "Rozbraz" d'Auray (Morbihan) à Saint-Jean-de-Luz (basses-Pyrénées) - Première partie : d'Auray à La Rochelle

" Auray, le 18 juin 1940

Le Rozbraz

À la caserne d’Auray, c’est le branle-bas de combat à la nouvelle de l’approche de l’ennemi. Les hommes qui se pressent au rapport n’ont aucun doute sur le contenu des ordres qu’ils vont recevoir : l’heure est venue d’en découdre.
La troupe rassemblée dans cette cour ne représente pas, il faut bien l’avouer, pour la plupart une unité d’élite : des appelés ajournés ou réformés temporaires d’une trentaine d’années, enfin, disons le deuxième choix des appelés du contingent. Tous en ar­mes, et parfaitement prêts, pour l’heure, à s’en servir. Aussi le commandant projette-t-il une douche froide sur les esprits échauf­fés en annonçant : « Les Allemands sont proches. Vous allez déposer vos armes au magasin et nous attendrons qu’ils soient là pour nous consti­tuer prisonniers ».
Silence de mort pendant une minute. La minute de silence.
Il y a là dans les rangs, parmi une centaine d’autres, l’aspirant Segrétain, le sergent Malin, le caporal-chef Mestivier, le radio-reporter Bernard Lefèbre, les chasseurs Payen, Pange et Leublier, qui ont déjà causé entre eux, mais sans prendre de déci­sion définitive, n’ayant d’ailleurs jamais imaginé qu’ils allaient recevoir l’ordre de se constituer prisonniers sans la moindre es­quisse de combat.
Pour l’instant, ils sont armés. Du reste, tout le monde est armé. Un simple échange de regards entre eux. Puis, d’un seul mouvement, sans avoir reçu l’ordre de rompre les rangs, ils se mettent en marche vers la sortie.
Revolver au poing, le capitaine commandant la compagnie leur intime l’ordre de rentrer dans les rangs.
Malin, qui porte au ceinturon son pistolet de gendarmerie, dégaine et, sans regarder le capitaine, sort de la caserne avec les autres.
Tout s’est joué en trois minutes – mais c’est un geste dont tous les présents peuvent évaluer exactement le prix : le dos au mur, douze balles dans la peau. Rébellion en temps de guerre de­vant une centaine de témoins. Ce qui aggrave le cas de Malin (si un tel cas pouvait être aggravé...), c’est qu’il est sous-officier de carrière, gendarme assermenté (détaché aux armées parce qu’il est spécialiste des blindés).
Le capitaine ne tire pas. Il aurait dû tirer, évidemment : en une seconde d’hésitation, il vient à son tour de tomber dans l’illégalité.
Sans se retourner, la petite bande de rebelles sort d’un même pas et se retrouve sur la place.
La place et la ville sont encombrées de civils fugitifs sou­vent entassés dans des voitures surchargées de déménage­ments insolites, comme des matelas ficelés sur le toit des véhicules. Ils font la queue, vainement, pour obtenir quelques litres d’essence, afin de fuir un peu plus loin. Ils fuient, malgré les monstrueux embouteillages et les mitraillades des avions en piqué sur les rou­tes, dans la pensée que le front va finalement s’établir quelque part – sur la Loire, peut-être – et qu’il vaut mieux rejoindre à temps le bon côté. Ce sont des idées qui portent la marque de la dernière guerre, surtout pour les gens du Nord et les Belges.
Une Juvaquatre immatriculée en Belgique, sans personne à bord, est garée le long du trottoir, sur la place, fermée à clef. Malin casse une vitre, Lefèbre prend le volant, met le contact : le réser­voir n’est pas tout à fait vide. À quelques pas de là, Mestivier s’affaire autour d’une Rosengart rougeâtre et démarre bientôt. De toute façon, il n’est pas question de traîner dans les parages.
Voilà, dit l’aspirant, d’un ton philosophique, comment un hon­nête gendarme devient voleur de voiture... À la Trinité, sug­gère-t-il.
Auray n’est pas exactement un port de mer, en effet, mal­gré les nombreuses embarcations amarrées sur le Loc, la rivière. En longeant la rive droite de la rivière sur une quinzaine de kilo­mètres, on arrive à la Trinité-sur-Mer, port de pêche."

Guy Durand-Viel le samedi 16 mai 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations sur son parcours de 1940 à 1944 / 5

Le chemin le plus long pages 89 et 90

" Le troc se fait sans argent, à l’antique. Chacun garde sa chemise et enfile pantalon et veste d’emprunt. Un des Français a du mal à caser sa vêture : un grand garçon en uniforme de scout-routier, avec sifflet, cha­peau et emblème, qui est là avec sa mère. Il se présente, avec une courtoisie insolite en ces lieux :
• Roger Touny, je suis en vacances avec Maman à Biarritz...
Mme Touny a le bon genre distant de la Parisienne de la côte basque. Toute la scène est en complet décalage avec les évé­nements.
Dès qu’on vous interroge, vous répondez : « Tak, jedynasta kom­pania ! », (Oui, Onzième Compagnie).
Le garçon qui leur communique ce mot de passe ne le connaît pas lui-même depuis longtemps. Il s’appelle Michel Du­rand-Viel et refile à un Polonais une tenue de biffin plus régle­mentaire que nature. Le Polak finit par tout prendre sauf les ban­des molletières qui auraient pourtant dû représenter pour lui le nec plus ultra de la naturalisation française.
Ils sont une dizaine de faux Polonais dans le bistrot du 3, rue de la Baleine. Les vrais Polonais leur disent de sortir en groupe, de traverser la foule qui regarde – toujours en groupe – et de tenter tous ensemble de franchir le barrage des gardes mobiles (un tous les deux mètres, mousque­ton au bras) et qui maintien­nent un intervalle d’une dizaine de mètres entre la foule qui re­garde et des soldats polonais assis ou allongés au milieu de sacs et de bagages. Ils attendent de pouvoir embarquer à bord des cha­lutiers, remorqueurs et bateaux de toutes sortes qui font la na­vette avec le Batory.
À leur grande surprise, les gens s’écartent devant leur équipe et ils parviennent sans difficulté vers 18 heures au milieu des Polaks qui, comme les gardes, les regardent d’un air surtout indifférent. Ils s’assoient ou s’allongent à même le sol. Ils essaient de se rapprocher de l’escalier au bas duquel accostent les bateaux qui font le transfert. Mais les Polonais sont très nombreux et groupés en unités plus ou moins constituées.
Vers 19 heures, il se produit une sorte de branle-bas. Deux motos surviennent suivies d’une Renault Nerva Stella noire avec fanion et deux camionnettes Citroën grises. De la voiture descend un officier très élégant, portant culotte de cheval bien coupée, bot­tes, veste et ceinturon, et une curieuse casquette.
Il se met à gueuler en polonais, donne des ordres auxquels les Français ne comprennent rien, montre les camionnettes à grands gestes. Quelques Polonais se lèvent, manifestement sans aucun enthousiasme, se dirigent vers l’arrière des camionnettes et en sortent des cantines.
Les pseudo-Polonais ont pigé, ils foncent vers les cantines. Elles sont très lourdes, il faut être deux pour les porter – et ils ont leurs propres sacs à dos. Archives ou bagages, comment savoir ? Toujours est-il que sous la direction peu bienveillante de cet offi­cier – sans doute un général – ils passent au milieu des Polonais qui s’écartent pour laisser un passage. Ils arrivent à l’escalier af­freusement glissant dans sa partie inférieure et ils embarquent à bord d’un petit remorqueur dont les ponts, à l’avant comme à l’ar­rière, et les coursives sont couvertes de soldats. À bord, il faut des­cendre un méchant escalier qui donne accès à une cale parcourue par le tunnel de l’arbre de l’hélice.
Dockers inexpérimentés, ils sont épuisés ; ils s’écartent pour reprendre leur souffle, et aperçoivent un appenti dont la porte entrouverte laisse deviner la destination, confirmée par une forte odeur. Ils s’y précipitent et s’y enferment : affreux, la cuvette déborde et ils ne voient pas du tout où ils mettent les pieds. An­xieux, ils attendent sans bouger, à la limite du malaise. Combien de temps ? ils ne savent pas. Puis, ils sentent le bateau remuer, la machine devient beaucoup plus bruyante.
Ils décident de sortir et de remonter sur le pont. Le bateau est sorti du port de Saint-Jean-de-Luz. Le Batory approche. Par chance, l’escalier débouche à côté de la porte de coupée, et presque aussitôt après l’accos­tage, ils peuvent monter à bord du paquebot."

Guy Durand-Viel le dimanche 19 avril 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations sur son parcours de 1940 à 1944 / 4

Le chemin le plus long page 87 et 88

" Saint-Jean-de-Luz, 21 juin 1940

3, rue de la Baleine

Dans la famille Hébert, la décision de laisser partir les gar­çons en Angleterre n’a été vraiment prise que trois jours aupara­vant chez le doc­teur Rivaud, à Frontenay-Rohan-Rohan (Deux-Sèvres), mais il y a loin entre une telle résolution et un commen­cement d’exécution, surtout avec deux jours d’avance à peine sur la progression des colonnes allemandes – la marge d’action est fort étroite.
Mme Hébert a donné son accord pour ses deux fils, Jacques et Bernard, et son neveu Louis Koenig. Son regard était assombri par l’effort qu’elle faisait sur elle-même puis, aussitôt, elle a lancé des mots d’espoir, et elle est restée à Frontenay. Ils ont continué vers Bordeaux avec une voiture et la réserve de carburant. De Bordeaux vers Dax, où ils ont eu la surprise de tomber sur le Comptoir d’escompte de Caen replié dans les Landes, vers Bayonne, car M. Hébert connaît un lieutenant qui a été affecté à la place de Bayonne et doit travailler dans les bureaux. Faute de mieux, il s’accroche à cette fragile relation avec un vieil officier de réserve affecté spécial dans l’administration.
Le lieutenant Lhermite est bien là effectivement. De cette rencontre, les trois garçons recueillent sur leur carte d’identité le coup de tampon « Se rend en Angleterre », qui, bien entendu, n’en­gage nulle­ment le consulat britannique de Bayonne. Le consul de Grande-Bretagne en personne, tout en félicitant les jeunes gens de leurs bons sentiments, leur a expliqué qu’il avait reçu des ordres stricts : depuis que l’armistice est signé, il n’a plus le droit de déli­vrer le moindre visa à un Français. Quant aux transports de trou­pes, seule l’armée polonaise (la Pologne n’ayant encore signé au­cun armistice avec l’Allemagne) est prise en charge par la Navy, les bateaux polonais ou autres bâtiments réquisitionnés.
Le consul, donc, leur suggère sans le vouloir (?) l’idée de tenter une dernière chance sur les quais de Saint-Jean-de-Luz. Dans la foule épaisse et morne qui encombre les quais, ils ont en­core la chance de rencontrer un ancien capitaine de Chasseurs Alpins (en civil) venant de Caen qui leur refile le tuyau du siècle : 3, rue de la Baleine, une ruelle à l’écart du port, dans la salle der­rière l’arrière-salle d’un bistrot (ne pas s’inquiéter de la réputation de ce local) : c’est là que des Polonais échangent leurs uni­formes contre des vêtements civils.
Dans l’esprit des jeunes gens, le prestige des Polonais, qui était à son zénith, en prend un grand coup. Ces soldats disciplinés, en uniforme et en armes, menant des combats de retardement sys­tématiques sur les routes françaises contre l’envahisseur, alors que les Français eux-mêmes sont en pleine déroute, sont donc aussi à leur tour atteints par le virus de la désertion !
En se déculottant en vitesse dans l’arrière-salle, les Polo­nais racontent qu’ils ne sont polonais que de nationalité et fran­çais pour tout le reste, et qu’ils veulent rentrer chez eux dans le Nord où leur famille les attend."

Guy Durand-Viel le dimanche 19 avril 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations sur son parcours de 1940 à 1944

Le chemin le plus long page 44 :

" Rion (bourgade au nord de Dax), 16 juin 1940
Le camp retranché de Rion des Landes
• Soldat Durand-Viel, vous êtes désigné pour le peloton prépara­toire au peloton d’élèves caporaux.
Pris de vertige devant cette quasi-promotion soudaine, Mi­chel Durand-Viel esquisse une timide demande d’explication :
• Vous avez effectué l’an dernier, étant élève au lycée, une prépara­tion militaire...
Et le lieutenant ajoute, pressentant la réticence :
• Vous serez dispensé de corvée...
Argument sans réplique : la troupe est chargée de creuser une tranchée en baïonnette destinée à permettre de s’opposer aux éléments avancés de l’ennemi. Échapper à cette tâche surréaliste est déjà un résultat qui justifie le temps perdu à la préparation militaire.
Il s’est passé bien peu de temps entre la mobilisation (il a rejoint son corps à Fontainebleau le 11 juin) et le départ en wa­gons de marchandises, non vers la frontière menacée mais vers la paisible torpeur du sud-ouest.
Le commandement ne donne aucune information aux trou­pes. Les seules nouvelles proviennent du bistrot où se passe l’après-dîner : elles sont désespérantes. Dans le bistrot, il y a les bulletins de la radio et leur commentaire par le public, beaucoup de réfugiés venant du nord de la Loire.
La discipline s’est lézardée, puis s’est effondrée. On ne sa­lue même plus les officiers. C’est moi qui suis dans cette abjection se répète Durand-Viel, pour bien s’en persuader, moi qui passais l’écrit du concours de Saint-Cyr il y a un mois à peine !"

Guy Durand-Viel le mercredi 15 avril 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations sur son parcours de 1940 à 1944 / 2

Le chemin le plus long page 77

" 20 juin au 26 août 1940

Saint-Jean-de-Luz

Vrais et faux Polonais

Les avant-gardes allemandes atteindront Saint-Jean-de-Luz le 27 juin 1940. Le 17, elles approchent de Rennes, de Nantes, de Vierzon... Dans ce bref intervalle de 10 jours, quelques milliers d’hommes vont embarquer pour l’Angleterre dans ce petit port de pêche que rien ne préparait à ce destin, sinon sa position de dernier port français avant la frontière espagnole. Les plus nom­breux sont les Polonais : presque toute l’armée polonaise combattant en France ; car la Pologne, rayée de la carte par l’action conjointe des Nazis et des Soviétiques, n’a pas pour autant signé l’armistice. Beaucoup de ces soldats, cependant, tout en ayant gardé la natio­nalité polonaise, sont des immigrés de la 2e ou 3e génération, deve­nus Français de langue et de mentalité ; certains sont prêts à céder leur place et leur uniforme à des Français qui veulent continuer la guerre. Parmi ceux-ci, ne se doutant pas qu’ils vont constituer en­semble le quart de l’effectif d’une même Compagnie de Chars : un médecin de Limo­ges : Krémentchousky, 2 gendarmes arrivant par mer de La Tri­nité :Malin et Mestivier, un professeur de l’université de Toulouse : R. Aron, des fantassins repliés : Durand-Viel, Léo­nard, Daufresne de La Chevalerie, Isambert, des lycéens ou étu­diants : Berger, Cal­dier, Casterès, Cohen, Galley, Bernard et Jac­ques Hébert, Koenig, Laborde, Lafontaine, Sarcelet, Touny..., un employé de commerce : Bignalet..."

Guy Durand-Viel le mercredi 15 avril 2020 - Demander un contact

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Compléments d'informations sur son parcours de 1940 à 1944 / 3

Le chemin le plus long pages 96 et 97

" France – Rion, 23 juin 1940

Théorie sur le service intérieur

Au rassemblement du matin, un gradé lit l’ordre du jour d’un général commandant les « armées du sud de la Loire » : un armistice à été signé à Rethondes ; il est ordonné aux officiers, sous-officiers et soldats de ne se livrer à aucun acte pouvant être jugé comme une agression et qui pourrait donner lieu à des repré­sailles contre la population civile innocente. Les armes et les mu­nitions seront immédiatement rendues. Cet après-midi, théorie sur le service intérieur.
« Théorie sur le service intérieur » ? Qu’est-ce que cette der­nière niaiserie ? On met bas les armes, on s’écrase, et puis, pour bien reprendre en main les troupes qui n’osent pas croire que ce qu’on leur dit est vrai : théorie sur le service intérieur !
Durand-Viel repense au journal personnel tenu par son père durant toute la dernière guerre, pendant quelques semaines dans les forts de Ver­dun. Qu’est-ce qui a donc pu retirer à cette fameuse armée toute sa subs­tance guerrière ?...
Il sent monter en lui la honte et la haine.
Allant aux nouvelles sur la route départementale voisine, il ren­contre un camarade d’école.
• Oui, je suis d’accord avec toi, mais je suis l’aîné de huit frères et sœurs, mes parents ont besoin de moi, comprends-moi ! Il com­prend...
Dans le bourg, le trafic est sérieusement ralenti par le flot des réfugiés. Passe un camion non bâché transportant sept soldats appuyés aux ridelles.
• Salut, les gars ! Où allez-vous comme ça ?
• On ne veut pas se faire coincer, alors on descend !...
• Je peux monter ?
• Bien sûr, répond de la cabine un sous-officier.
Munie d’un faux ordre de mission, la petite troupe se rend à Saint-Jean-de-Luz dans l’idée de demander de l’aide au consul de Grande-Bretagne. Les Anglais continuent la guerre et le bruit court qu’on peut encore s’embarquer.
À Saint-Jean-de-Luz, déception. Le consulat est à Biarritz. Le consul en personne félicite la petite délégation et regrette de ne rien pouvoir faire pour l’aider.
La France ayant conclu un armistice, il serait contraire au droit international de prendre ses troupes en charge. Que n’êtez-vous Polonais ! La Pologne, comme la Grande-Bretagne, est tou­jours en guerre et comme les Allemands, eux, considèrent les Po­lonais comme des francs-tireurs depuis qu’ils ont écrasé la Polo­gne, les Britanniques ont une obligation particulière à leur égard.
Sur le port de Saint-Jean-de-Luz, à la halle au poisson, des Polonais mettent en place des sacs de sable et des mitrailleuses qui prennent en enfilade la promenade. Un lieutenant les prend sous son aile :
Pour ce soir, c’est trop tard, et la mer est trop forte. On verra demain. Installez-vous par là pour la nuit...
Couché sur un étal du marché, sous la protection des mi­trailleuses polonaises, Michel Durand-Viel a tout loisir de méditer sur sa situation de candidat à Saint-Cyr entre écrit et oral. Est-il un déserteur, un traître, un soldat perdu, un mercenaire, un aven­turier ? En tout cas, il est à coup sûr un hors-la-loi. Fort de cette conviction, il s’endort."

Guy Durand-Viel le mercredi 15 avril 2020 - Demander un contact

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Michel DURAND-VIEL - born 16.03.1920

www.nationalarchives.gov.uk 

Laurent le mardi 27 octobre 2009 - Demander un contact

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Réponse :

Dans les archives de SOE ???

C'est un des tout premiers de 1940, embarqué sur le Batory à Saint Jean de Luz le 21 juin 1940 et sa date de naissance, trouvée dans "Le chemin le plus long" est bien le 16/3/20

N'est plus cité dans ce livre après les combats de Tunisie ...


"La seule ambulance, visible aux environs, est en flammes. Le lieutenant-colonel, son dolman kaki doublé de rouge, n’est pas mort : L’Eost et Durand-Viel (le mécanicien et le radio du char de Touny) le chargent sur le dos de leur char en arrangeant les paquetages qui l’encombrent, aidés de quelques légionnaires accablés, tandis que Beaugrand et Abraham couvrent l’opération à la mitrailleuse.
- Quelle merde ! Quelle poisse ! hurle Gramoullé.
Les autres essaient de le calmer : il n’est pas perdu, ton bras, tu vas le récupérer...
- Je m’en fous de mon bras. C’est ce gâchis qui est insupportable, crie-t-il en montrant la plaine couverte de morts et de mourants, l’ennemi toujours en position dans sa citadelle, et le prince géorgien agonisant sur les paquetages.
- Il n’a pas été content de nous, disent les légionnaires, sobrement. Et le convoi s’ébranle vers la base."

Le chemin le plus long, tome 3 page 52 et suivantes 

Laloup laurent le mardi 04 décembre 2007 - Demander un contact

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Dernière mise à jour le lundi 01 juin 2020

 

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