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Valentin Abeille - son Livre ouvert ! Retour au blog de charmanetoverlord
TEMOIGNAGE
23 avril 1941.
Flers-de-l'Orne.
Henri Laforest repose sur la table le fusil anglais qu'il vient de détailler longuement. Autour de lui, les garçons du corps franc d'Athis, impatients de partir pour leur opération, se sont déjà levés. D'un signe, leur chef, le contrôleur du ravitaillement Marie, les invite à se rasseoir.
En effet, l'instituteur d'Aubusson, après leur avoir expliqué le fonctionnement et les caractéristiques du MK 3, va maintenant leur présenter leur nouvel instructeur. Il ouvre la porte communicante, s'efface pour laisser entrer son successeur, puis annonce : " Voici Bob, que certains d'entre vous connaissent peut-être déjà. " Effectivement, Robert Bernier est connu de la plupart, si ce n'est de tous les hommes réunis. Transporteur à Saint-Georges-des-Groseillers, sa silhouette est familière dans la région. Mais ce que beaucoup ignorent, c'est que Bernier est déjà - après dix mois d'occupation - un ancien de la Résistance. Dès août 1940, il assurait une filière de prisonniers évadés qu'il convoyait jusqu'au passage de la ligne de démarcation de Bonneuil-Matours, dans la Vienne. En décembre de la même année, agissant isolément, il sabotait deux bombardiers ennemis sur le terrain de Rognancourt. En février 1941, il coupait les lignes téléphoniques Argentan-Saint-Lô-Cherbourg.
Entré en contact avec différents responsables du mouvement Libération-Nord, il travaille maintenant avec eux. Dans ce groupe, animé par Laforest, il retrouve notamment Durrmeyer, directeur de l'usine à gaz de Flers, Fautrel, hôtelier, et Peschard, de Ségrie-Fontaine. Ce dernier dispose de quelques armes récupérées lors de la débâcle, et particulière-ment de plusieurs FM et fusils anglais. Ce sera là le premier armement qui sera mis à la disposition des groupes francs qu'Henri Laforest va former dans la région, à Landisacq, à Lonlay-l'Abbaye, à Tinchebray, à Sainte-Honorine et au Mesnil-Hubert.
Un autre groupe, dirigé par Paul Saniez, agit également dans le secteur flérois, mais, ne disposant pas encore d'équipement militaire, il ne se manifeste que par la diffusion de tracts et de journaux prônant la Résistance à la collaboration. Armé un peu plus tard, il va devenir une redoutable section au sein des FTPF. Il aura le triste honneur de fournir au département de l'Orne son premier fusillé - Véniard - qui tombera en novembre 1941 sous les balles nazies.
Dans l'Orne, indépendamment des groupes évoqués plus haut (Flers, Aubusson, Athis), on observe des réactions patriotiques à Alençon avec Mars et Mézen, à L'Aigle avec Le Thiec et Cavelier, à Mortagne avec le docteur Planchais, Menut et Heuriet, à Domfront avec Studer et Alasseur, à Bellême avec Jean Robert (Ecureuil) du réseau Alliance, à Fontenay-sur-Orne avec Robert Aubin (Chanteloup), à Ecouché avec André Mazeline.
DANS L'ORNE : LA RÉSISTANCE FACE A LA GESTAPO
L'Aigle, avril 1944.
Ernest Voyer, alias Sylvain, fait la grimace ; près de lui, André Gros et René Croise ne se montrent pas plus enthousiastes. Le plan que vient de leur soumettre Valentin Abeille (Méridien), DMR, ne les emballe pas, c'est le moins qu'on puisse dire ! Imperturbable, Kammerer (Parallèle), DMR adjoint, fume sa cigarette ; à ses côtés, Daniel Desmeulles (Gérard), chef départemental de la Résistance, a une moue de réprobation. En quoi consiste donc ce plan aussi mal accueilli par les responsables résistants ?
Mûri et étudié à Londres, rapporté par Abeille, il a pour but de détruire par un bombardement précis la grande centrale électrique de Rai-Aube, située à quelques kilomètres de L'Aigle. Cette opération est prévue pour les premiers jours de mai, et doit être effectuée par une vague de bombardiers légers Mosquitos, chargés chacun d'une bombe de gros calibre (une tonne). Elle a pour objet de paralyser la distribution d'énergie électrique dans les départements de l'Orne, du Calvados et de la Manche. En effet, les deux principaux transformateurs de 220.000/90.000 volts ont une puissance unitaire de 45.000 kVa. La centrale alimente toute la zone du futur front de Normandie ; on comprend que les Alliés veuillent qu'elle cesse son activité !
Pour Ernest Voyer, ingénieur à la société de Distribution d'Électricité de l'Ouest, qui est un spécialiste de la question, c'est un véritable crève-cœur :
- Il a fallu deux ans pour monter les transfos, ils contiennent chacun 80 tonnes d'huile isolante et pèsent 300 tonnes pièce. S'ils sont détruits, combien de temps faudra-t-il pour les remonter ?
- Sans compter, reprend Desmeulles, que nous trouverons de l'huile où ?
- Je sais, mes amis, je sais, coupe Abeille, mais c'est un objectif stratégique vital. Avez-vous une autre solution à proposer ?
- Peut-être, réfléchit Voyer, y aurait-il un moyen. - Et, s'emparant d'un crayon, il trace sur un papier un plan sommaire des lignes HT. - Si nous faisions sauter sur chaque ligne un pylône judicieusement choisi, en respectant la valeur des angles et en calculant les difficultés d'approche ?
- Les Allemands le remplaceront ou le répareront.
- Oui mais à ce moment, nous interviendrons sur un autre, de sorte que le courant sera toujours interrompu.
- Par roulement, en somme ?
- Oui, par roulement ; mais de façon à œuvrer à coup sûr. Il faudrait qu'on nous envoie un saboteur spécialisé, un as du plastic !
- Ça me paraît valable, émet le DMR, je vais transmettre à Londres, prépare un plan d'ensemble.
Quelques jours plus tard, réunis au collège d'Argentan, les mêmes interlocuteurs se retrouvaient et Valentin Abeille, tout heureux, informait ses amis de l'accord du commandement.
Début mai, parachuté pour cette mission, le spécialiste, couvert par les équipes de Mortagne et de L'Aigle, commençait une série de plasticages. Ce fut un succès car, après plusieurs réparations hâtives, les Allemands, découragés, n'insistèrent pas. Malgré les accès de rage de leur ingénieur Shew, qui constatait chaque fois les dégâts, ils ne purent rétablir les circuits. Pour comble, un bombardement sur la centrale de Caen paracheva le travail.
Le Mur de l'Atlantique n'avait plus d'électricité !
...
Enfin, une place à part doit être réservée au BOA 1, car son rayonnement dans l'Orne sera exceptionnel. Dirigé par une légendaire figure de la Résistance, Edouard Paysant (alias Dominique Tinchebray) '', puis par André Gros (alias Grandvallet)', et enfin par Croisé (alias Janvier), il réceptionna un tonnage d'armes incroyable sur vingt terrains homologués dont nous citons les indicatifs et les emplacements :...."
GR 16 P 534552 | SANIEZ ( Paul ) | 1902-06-19 | Bours | Pas-de-Calais | FRANCE | FFi ?
GR 16 P 407307 | MAZELINE ( André ) | 1915-04-08 | Le Ménil-Broût | Orne | FRANCE | FFi
GR 16 P 151164 | CROISE ( René Ambroise ) | 1910-07-20 | Saint-Loup-Lamairé | Deux-Sèvres | FRANCE | FFc FFi Laurent Laloup le jeudi 18 avril 2019 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |