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Source : www.1939-45.org
et "Le Chamelier"
Né en 1923, Robert Bénard n'a que dix-sept ans lorsqu'avec sa famille il doit, devant l'avance allemande, fuir Le Havre qui vient de subir des bombardements et dont les stocks de pétrole sont en feu. Quatre jours plus tard, il quitte les siens à Blangy le Château (près de Pont l'Evêque). Il ne sait pas alors que cette séparation durera quatre longues années. Accompagné d'un cousin, il part avec son vélo à destination de Brest.
Dans le port de Brest, obscurci comme Le Havre par les pétroles en feu, le S/S Meknès s'apprête à appareiller avec à son bord la 13e D.B.L.E (Voir la biographie du Lieutenant-colonel Amilakvari) et les Chasseurs Alpins qui venaient de combattre en Norvège. Au milieu des 250 jeunes dont l'aîné n'a pas 22 ans et le plus jeune 15 ans, Robert Bénard embarque avec ses bagages et son vélo auquel il tient tant. Ce qui fait, que s'il fut l'un des premiers à rejoindre le général de Gaulle, il est certainement le seul à l'avoir fait en vélo...
Par l'intermédiaire des officiers du bord, le jeune homme prend connaissance de l'Appel du 18 juin 1940 qui décide du sort de la France. A Portsmouth, alors qu'un certain nombre de jeunes et de Chasseurs Alpins, pensant la guerre terminée par la demande d'armistice du maréchal, choisissent de retourner en France, Robert Bénard suit la 13e D.B.L.E et la grande partie des Chasseurs et demande à rejoindre ceux qui, sous les ordres d'un général dont ils ne connaissent encore que la décision de continuer le combat, vont permettre à la France de retrouver son honneur.
Le 01 juillet 1940, il signe son engagement au Bureau de Recrutement des Forces Françaises Libres à Londres, précédant ainsi celui qui deviendra son chef, le capitaine Philippe de Hautecloque, qui sous le nom de Leclerc se présente au général de Gaulle le 25 juillet. Aux camps d'entraînement de Trenthampark, Old Deancamp et Camberley, dont les noms seront portés par les half-tracks de la 10ème compagnie du Régiment de Marche du Tchad, Robert Bénard apprend le métier de soldat. Il participe même au défilé du 14 juillet 1940 à Londres. En août 1941, il embarque pour l'Afrique.
Il est à Pointe Noire le 14 octobre 1941, puis c'est Bangui, Fort Archambeau, et enfin Fort Lamy où il arrive le 30 novembre 1941. Il parcourt 800 kilomètres de sable pour rejoindre Faya-Largeau, base de départ de la Colonne Leclerc. Il est affecté à la 1ère Compagnie de Découverte et de Combat, sous les ordres du capitaine Massu. Du 22 février au 07 mars 1942, il participe aux combats qui amèneront la capture puis la destruction (faute d'effectifs pour les conserver) des postes ennemis de Uigh el Kébir, Tedjéré, Gatroum et Umm el Arneb. Le 12 janvier 1943, il fait partie du commando (une section d'infanterie) que le général Leclerc envoie à bord de deux avions, pour prendre et détruire Rhat (Ghat). Malheureusement, accueilli par un feu violent d'armes automatiques, le commando ne peut se poser et doit retourner à Umm el Arneb.
Le 24 janvier 1943 s'effectue à Tripoli la jonction avec la 8th Army du général Montgomery au sein de laquelle combat la Free French Flying Column (F.F.F.C) qui se compose essentiellement du 1er R.M.S.M (Commandant Rémy). Le 12 février, devant la légèreté de son armement, les Anglais renforcent la Colonne Leclerc avec la F.F.F.C et de la 1ère Compagnie de Chars du capitaine Divry. Après le succès de Ksar Rhilane le 10 mars 1943, où le véhicule de Robert Bénard saute sur une mine le laissant par chance indemne, c'est la campagne victorieuse de Tunisie où le point culminant est le défilé de la victoire du 20 mai à Tunis.
Puis c'est Sabratha en Tripolitaine et le transfert vers Témara au Maroc où de septembre 1943 à avril 1944, le général Leclerc forme, équipe avec du matériel américain et entraîne ce qui deviendra sa 2ème Division Blindée avec l'espoir de la faire participer au débarquement qui se prépare grand train en Angleterre. Robert Bénard embarque à Mers el Kébir fin mai 1944 et après l'entraînement intensif en Angleterre, il retrouve le sol de France à Saint Martin de Varreville (Utah Beach) plus de quatre années après son départ de Brest.
Après les durs accrochages auxquels il participe aux abords d'Alençon, en particulier à la Hutte et à Ecouché, c'est la ruée vers Paris où, au passage, à Dampierre, il retrouve une partie de sa famille qui doit se charger de rassurer ses parents toujours au Havre sous l'emprise allemande et les bombardements alliés( jusqu'au 12 septembre 1944 - date de la libération de la ville portuaire). Quinze jours de détente dans le bois de Boulogne pour la remise en état du matériel et c'est la Lorraine où Robert Bénard participe à la mise en place des têtes de pont sur la Moselle puis sur la Marne, près d'Andelot. Il est blessé, heureusement sans gravité à Glonville, près de Baccarat. Vient ensuite la chevauchée vers Strasbourg, la campagne d'Alsace dans le si rude hiver 1944-45, le colmatage du dispositif allié face à la contre-offensive Von Rundstedt au Nord, puis après quelques jours de repos au centre de la France, c'est ce qu'il aimait à appeler la "Grande Tornade" sur l'Allemagne et la prise de Berchtesgaden.
Vient enfin la cessation des hostilités et le retour à la vie civile pour ce Français Libre des premières heures. Robert Bénard s'est tué dans un accident de la route, en compagnie de son épouse Madame Mireille Bénard, le 07 juin 2001 sur la route entre le Mans et Alençon. Laurent Laloup le mardi 10 avril 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution Réponse : Lire "Né en 1922"
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