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Sortie de Bir Hakeim, par Paul Guenon (santé) Et puis c’est la sortie en force à travers le champ de mines, sous le feu des mitrailleuses et des canons ennemis. Indescriptible nuit ! Nos « gardiens », surpris par tant d’audace ne comprennent pas tout de suite …puis leur réaction est terrible. Des centaines de balles éclairantes zèbrent la nuit opaque. Des milliers d’autres sifflent autour de moi, invisible et meurtrier réseau dont les mailles se resserrent de plus en plus. J’ai laissé ma sanitaire à l’entrée du champ de mines pour aller, à pieds, reconnaître le passage. Je marche vite, ployé en avant. Des hommes courent. Les fusées éclairantes jaillissent, qui nous révèlent. On fonce, on fonce… On ne s’occupe plus des balles. Des hommes tombent comme des quilles autour de moi. Je cours…je tombe. Douleur à la cheville. Du sang ? Non, ce n’est qu’une foulure… Je me relève, je cours… Scènes affreuses : les blessés qu’on doit abandonner. Oh ces cris… s’occuper d’eux, c’est se suicider. Je n’ai pas le droit. Il faut que je rejoigne mon ambulance qui est à deux ou trois cent mètres. Deux ou trois cent mètres sous une pluie d’acier. Une pluie horizontale qui fauche, fauche autour de moi. Je cours. Des blessés m’implorent. L’un deux à qui je donne mon dernier paquet de pansements me dit : »Merci mon Capitaine et adieu… Bonne chance… Tenez, prenez mon pétard… c’est un boche, il est au poil ». …Pauvre type.
J’ai rejoint ma voiture où mes deux blessés, couchés dont j’ai la garde, gémissent. L’un deux, mon ami BAYROU ne réalise pas très bien ce qui se passe et me demande « Dis donc, qu’est-ce qu’on fout ? On dirait qu’on nous tire dessus ! « … Tu parles… Je le rassure : - « T’en fais pas, c’est rien, on passera ». ROUMEGUERE le jeudi 11 février 2016 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |