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L’hommage à Jean Lapeyre-Mensignac Publié le 07/01/2015
" C’est dans l’intimité familiale, selon ses vœux, qu’ont eu lieu à Nontronneau, mercredi 31 décembre, les obsèques du docteur Jean Lapeyre-Mensignac, décédé à l’âge de 92 ans (lire « Sud Ouest » de lundi). Il était l’un de ces grands héros discrets de la Résistance. Commandeur de la Légion d’honneur, membre de l’Empire britannique (MBE), médaillé de la France libre, ce natif de Nontron avait été distingué aussi bien par le général de Gaulle que par la reine d’Angleterre. Il avait ensuite fait preuve d’un engagement total de médecin de campagne. L’ancien maire de Nontron, Pierre Giry, lui a rendu hommage et l’historien du Nontronnais, Hervé Lapouge, a résumé les grandes heures de sa vie :
« La première de ces vies fut celle d’une enfance nontronnaise, aux côtés de son jeune frère Pierre, puis d’une adolescence studieuse au lycée d’Angoulême. Étudiant en médecine à Bordeaux, une seconde vie à peine entamée, le joug de l’occupation allemande le conduisit, avec son ami René Chabasse, à mettre en place, dès l’été 1940, un réseau de passeurs. »
Opérations clandestines
Jean Lapeyre-Mensignac organisa par la suite de multiples opérations aériennes clandestines entre la Grande-Bretagne et la France. Ainsi, ont été notamment réceptionnés en 1943 par atterrissages à bord d’un Lysander, Pierre Brossolette et Forest Yéo-Thomas, agent secret britannique du Special Operations Executive ou encore Claude Bonnier, délégué militaire régional chargé de coordonner et organiser les divers réseaux, et son adjoint Jacques Nancy, futur chef de la Section spéciale de sabotage (SSS).
En 1944, Jean Lapeyre-Mensignac et ses compagnons, traqués de toutes parts, s’étaient réfugiés à Javerlhac. « Puis, dans l’attente de nouveaux et forcément faux papiers d’identité – fournis par Guy Héliès, alors secrétaire général de la sous-préfecture de Nontron -, ils se sont retrouvés dans le grenier de l’école de Poperdu, cachés par l’instituteur René Bersars, figure incontournable de la Résistance en Nontronnais », raconte Hervé Lapouge.
Liberté et tolérance
Après la guerre, Jean Lapeyre-Mensignac a repris ses études de médecine et les mena à bien. Il prit la suite de son père, décédé en 1948.
« L’heure de la retraite venue, dans une ultime vie, il a su conserver un regard à la fois bienveillant, enthousiaste et curieux sur le monde qui l’entourait, qui se transformait. Il écrivit aussi (en 2004) laissant à tous, avec ses compagnons Pierre Barrère, Charles Franc, Guy Margariti et Jacques Nancy, notamment dans « Nos combats dans l’ombre », un témoignage incontestable sur l’histoire de notre pays et les vicissitudes d’une époque qu’il avait traversée, à l’heure de ses 20 ans, dans un souci de liberté et de tolérance qui ne l’a jamais quitté », ajoute Hervé Lapouge, qui donnera une conférence au mois de mars sur la vie de ce héros discret." Laurent Laloup le mardi 09 juillet 2019 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |