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" Toujours marchant vers l’ouest en tâtonnant, Jaeger tombe le premier sur un entrelacs d’ornières de chars, avec une quantité de bidons abandonnés. Bizarres, les bidons : d’une vingtaine de litres, les arêtes arrondies, un bec verseur, et trois poignées horizontales parallèles, comme pour permettre de porter le récipient soit seul, soit à deux.
- Des jerrycans, fait le légionnaire, comme s’il n’avait jamais vu que ça, des bidons boches.
Ils restent un moment à admirer l’ingénieux bidon inconnu chez les Britanniques. Il y a eu à cet endroit un ravitaillement très important, hier, sans doute, pour des chars de fort tonnage.
- Nous sommes au-delà du champ de mines, dit l’adjudant. Et il est plus de 3 h, le temps de rentrer, il fera presque jour.
Sur le chemin du retour, les rencontres se font de plus en plus fréquentes, surtout de petits groupes de légionnaires portant les insignes de la fameuse 13e Demi-brigade. Quelques-uns blessés, traînés par leurs camarades ; d’autres amenant des prisonniers vers l’arrière, des Italiens de la division parachutiste Folgore, ou des Panzergrenadiers. Mais on remarque du premier coup d’œil que les légionnaires sont plus nombreux que leurs prisonniers. Cette nuit zébrée d’éclairs exprime non, certes, la déroute, mais l’échec, le vain piétinement d’un élan qui s’épuise." Laloup laurent le mardi 04 décembre 2007 Contribution au livre ouvert de Heinrich Henri Jaeger | |